Voici en exclusivité l’interview
de notre correspondant de la Gazette des Arts, rencontrant dans
son atelier le sculpteur-modeleur JLF, attendant le bon à tirer pour son buste d’Augustus.
Augustus Saint-Gaudens, le sculpteur américain, déjà cité dans ces mêmes
chroniques (1) :
laGazettedesArts : Comment JLF, avez-vous procédé pour créer ce
buste, votre dernière œuvre ?
JLF : Comme c’est le cas pour un comédien,
mon travail de sculpteur-modeleur consiste à m’imprégner de la personnalité de
la personne à représenter : c’est un rôle de composition. Je lis, m’informe,
dois me mettre (et j’y suis parvenu) dans la peau d’Augustus, en compulsant toutes sortes de notes, archives et photographies. Je souhaitais réaliser une œuvre de facture
classique, mais débarrassée de la présentation traditionnelle de l’artiste
endimanché, posant devant le photographe, comme le montrent les documents
disons officiels, avec chemise, et cravate Lavalière.
Moi, il m’importait de mettre en
avant le sculpteur : dans mon cas personnel, je mets une blouse,
pour me protéger des taches, et des morceaux de terre (que je perds partout),
mais qui signent mon travail d’artisan. J’ai représenté Augustus en blouse de
travail, chez nous on dit « bleu de travail », en train de
modeler la terre, en pleine action, dans son atelier, loin des mondanités ultérieures.
Miracle, poursuit-il, F.S (qui sait tout sur l’artiste)
a débarqué un jour chez moi, et m’a offert trois livres que voici, dont deux en
Anglais. Ils sont bardés de photos d’Augustus en noir et blanc . Il est
toujours sérieux, réfléchi, attentif, concentré. C’est comme cela que je l’ai représenté.
Au-delà des photos, ces livres
contiennent aussi des portraits, peintures et bustes. Ces œuvres sont l’interprétation
par mes anciens homologues d’Augustus tel qu’ils le percevaient eux-mêmes. J’ai
été influencé par ces interprétations, toutes ces "imprégnations" aboutissant à
ma propre compréhension de ce que je voulais donner à voir.(pour être compris du plus grand nombre, JLF s'exprime comme le font les communicants dans les galeries d'Art)
la fameuse blouse de travail |
laGazettedesArts : Combien de temps avez-vous mis pour arriver au résultat final ?
JLF : Des collègues vous répondraient en vous
disant : deux jours. Moi j’ai du mettre… une
semaine ? (il ne se rappelle plus). Mais j’ai ma façon de travailler :
je passe à autre chose, je reviens sur ma table de travail, je change un détail. J’ai
modifié le regard. Un pincement de la lèvre supérieure. L'arête du nez, vous voyez, là ? (il montre, et pince le nez). Je reviens de temps en
temps, le temps que mûrisse la réflexion. En ce moment, j'ai le cerveau plein du sujet,
je voudrais en profiter pour modeler un autre buste !
laGazettedesArts : que voulez-vous dire ?
JLF : eh bien, si je passe à autre chose, je
vais oublier toutes les caractéristiques emmagasinées dans ma tête, tous ces
repentirs, ces retours en arrière et ces perfectionnements continus. J’ai envie
de recommencer une autre interprétation, (même si on ne m’a rien demandé),
seulement pour profiter de ma tête pleine pour créer une variante, en changeant
telle ou telle expression !
laGazettedesArts : voulez-vous dire que... vous pourriez faire ....rigoler Augustus ?
JLF : comme si, à la fin d’un banquet, un copain
le faisait marrer en racontant une histoire drôle ?
laGazettedesArts : oui justement, on voudrait qu’il soit
content (Augustus) de revenir à Saint-Gaudens !
JLF : quelle bonne idée, revenir à
Saint-Gaudens (la commune), quand on porte ce même nom (Gaudens, et Saint de surcroit) ! Vous m’avez convaincu :
je vais faire un Augustus rigolard, rien que pour voir ce que ça donne !
promis, juré, il sera content, (le vrai Augustus, depuis là-haut d'où il nous regarde) !
Epilogue
C’est bien ces conversations entre artistes-intellectuels, mais il faut
avancer, se « mettre en marche » comme le disent les « marcheurs ».
« Marchons, marchons », dit l’hymne national (vous aviez remarqué ?)
Demain, JLF donne l’ordre au
fondeur de mouler le moule de cire, qui sera fondu par la fonte brûlante des fondeurs du Lauraguais, j'en profite pour lui demander une patine rouille, assortie à l’acier corten des personnages descendant les escaliers. Après-demain, il lui faut
un socle, on calcule combien, pour le mettre en représentation à sa future
place. Je fais le croquis.
Après-après-demain, on va peut-être avoir des Augustus-marrants, ce qui
ne manquera pas de donner lieu à de nouvelles surprises, non ?
la participation active à une œuvre d’art
est une œuvre d’art elle-même, non ?
laGazettedesArts va suivre tout ça pour vous avec une
attention
méticuleuse !
.....ah...! vous vous demandez qui est JLF ?
à un certain niveau de célébrité, un artiste comme JLF trouve forcément un élève-adepte (à moins que ce soit une...) pour modeler son buste : voici ce que cela donne ! |
je vous en ai déjà parlé et vais
recommencer demain :
(2) cette histoire étant absolument véridique (dans les moindres détails), la GazettedesArts a du protéger ses sources en masquant les noms propres appartenant à des Personnalités de premier plan, pour se contenter des initiales. Les initiés comprendront qui est qui, (ce qui est l'essentiel) !
je vous fais lambiner :
voilà JLF
le bute de JLF tenu par JLF
et Augustus par JLF
la prochaine fois Phryné
de Cipriani
taille XL !