Ulysse ne se lavait pas :
il se grattait !
Apoxyomenos signifie : le gratteur, the scraper !
Chacun raconte sa vanne sur Ulysse (enfin qui vous savez : le candidat des Républicains) alors je ne vois pas pourquoi je n'ajouterais pas la mienne : Ulysse (enfin : "qui-vous-savez", c'est une transposition historique de notre héros contemporain) ne connaissait pas le savon. Pas plus que les Grecs, et même les Romains !
C'est nous les Gaulois, qui l'avons inventé !
Le savon est, selon Pline, une
invention gauloise qui décrit savons durs et savons mous. Le mot gaulois sapo a
donné le français savon et les mots de même sens dans les autres langues romanes.
Le proto-germanique saip a donné l'allemand Seife et l'anglais soap. Anne en utilise un soap spécial pour se laver les mains après une peinture. Le proto-slave mydlo a donné le russe мыло et
les mots de même sens dans les autres langues slaves.
la Croatie au centre de l'Odyssée |
il avait bien besoin d'un grattage général |
le socle d'origine retrouvé |
Substance lavante et nettoyante
connue en Europe occidentale depuis l'époque gauloise, il est fabriqué en
quantité à partir de cendres alcalines ou potassiques (cendres de hêtre, de
l'herbe à savon), de suif, de saindoux de sanglier (typique du « savon gallique
») ou d'huiles excédentaires non comestibles. Il sert surtout, appliqué comme
onguent sur les chevelures, de shampooing ou de
gel colorant à l'usage les longs cheveux en « rouge » (en fait chevelure blonde
tirant vers le roux). À côté de la toilette des mains et du visage, il faut
retenir l'emploi de substances de toilette complexes à base de suc de plantes,
de savons mêlés de substances adoucissantes ou grasses, telles le beurre ou la
glycérine, mélange de moins en moins agressif ou de plus en plus protecteur
appliqué de la pointe à la racine des cheveux. Il faut se replacer dans le contexte : l'odeur d'eau savonnée et d'acide
butyrique, (lorsque le beurre a ranci), était considérée comme "barbare" pour les nez romanisés des patriciens de l'Empire.
Gallipoli, ville portuaire sur la
mer Ionienne dans le sud de l'Italie, a probablement été l'origine du savon de
Marseille. Grâce à ses nombreuses oliveraies et à ses multiples pressoirs
souterrains, le Salento commercialise dans toute l'Europe une
huile d'excellente qualité, destinée principalement à l'éclairage des villes et
des fabriques textiles, mais aussi à un usage alimentaire. L'idée d'ajouter de
la soude aux restes des olives qui venaient d'être pressées une première fois
permit aux habitants de Gallipoli de fabriquer des savons blancs. Aujourd'hui, je privilégie le savon d'Alep au fort pourcentage de laurier, d'autant plus précieux qu'Alep est dans l'état que l'on sait, et n'exporte quasiment plus la production qui a fait sa réputation.
Comment s'y prenaient alors les Grecs avant le savon ?
Grecs et Romains se débarrassent des poussières du stade ou des taches en raclant un strigile sur leur corps huilé, avant la régénération par les massages et l'eau des thermes, aux bains successifs chaud, tiède et froid.
Le strigile est une espèce de raclette, encore en usage aujourd'hui quand après les avoir douchés, on essuie le poil des chevaux de course pour enlever l'excès d'eau, comme on le fait sur son pare-brise avec un essuie-glace. Strabon nous raconte à ce propos des anecdotes marrantes : vous êtes aux thermes (il faut faire un effort d'imagination) vous vous êtes douchés, eau chaude ; eau froide. Vous êtes tout mouillé, et n'avez pas de serviette éponge (pas encore inventée). Pas facile de se racler tout seul : vous demandez le secours d'un copain, vous lui prêtez votre strigile, et s'il est bienveillant, il vous raclera, en échange d'un raclage réciproque de votre part : nous sommes amis, raclons nous les uns les autres !
Etonnez-vous ensuite que de tels échanges (...de bons procédés) ne conduisent pas (les Grecs) à des rapprochements plus intimes, mais cela ne nous regarde pas !
Je me suis éloigné du sujet : figurez vous qu'en 1996, le photographe et plongeur (belge) René Wauters découvre une statue intacte à 45 mètres de profondeur au large de l’île croate de Losinj. Intacte mais incrustée de coraux. La
statue est remontée en avril 1999. Après avoir subi les
examens et restauration d’usage jusqu’en 2005, l'oeuvre a retrouvé son apparence de bronze d'origine, avec une patine magnifique, et des détails prodigieux comme les lèvres ourlées de cuivre rouge, qui lui donnent une apparence très naturelle.
La statue (elle mesure 192cm) entame un
tour du monde de neuf ans, visitant notamment les galeries du Louvre entre
septembre 2012 et février 2013 ainsi que les travées du British Museum en avril
2015. Ce bronze, réalisé entre le Ier et le IIe siècle avant notre ère, est la
meilleure des huit copies connues d’un prototype grec sculpté au IVe siècle. En
effet, il a été retrouvé d’une seule
pièce, lui manquant seulement l’auriculaire. Même sa plinthe antique
a pu être exhumée des profondeurs.
La sculpture est aujourd'hui présentée dans le tout nouveau musée Apoxyomène créé pour
l’occasion, dans la ville de Masi Losinj. L’île de Losinj est située sur la
côte nord de la Croatie, à quelques encablures de Rijeka, principale ville
portuaire du pays.
Je suis épaté par la technicité de nos Anciens
ils ne se lavaient pas
mais il savaient couler le bronze !
le strigile d'origine s'est perdu mais voici pour vous une reconstitution très convaincante |
on peut se gratter tout seul mais c'est mieux de le faire à deux ! |
j'ai pensé que mes lectrices apprécieraient quelques détails anatomiques vous savez qu'il existe une explication scientifique au fait que nos Anciens athlètes avaient des zizis si petits ? |
si vous n'avez pas de projets précis
pour votre croisière cet été
filez en Croatie !
le musée rénové est superbe, les pieds dans l'eau ! |
la réponse :