Villa dels Munts
C’est extraordinaire : nous
avons tellement cherché il y a trois ans, et nous habitons juste à côté ! Il
suffit de s’y rendre à pied, on ne peut faire autrement, entre voisins ! La
rue descend, puis remonte, nous sommes en bas d’une colline calcaire, dominée
par une prééminence d’où on voit bien le village de la Haute-feuille lui aussi perché sur une hauteur. Il subsiste les
traces des carrières d’où ont été extraites les pierres de ce qui était un
village : une villa romaine, avec sa partie habitée ; ses thermes ;
mais aussi ses locaux de travail, ses citernes, et les jardins. Sans oublier
les parties agricoles périphériques : en haut les champs d’oliviers sur
des terrasses quasi intactes. Plus loin les terres fertiles pour la vigne ;
les légumes et les céréales. J’imagine qu’elles étaient irriguées ? Des
chèvres sur les terrasses. Des ânes ; de mules ; des chevaux :
des moutons. Y avait-il des vaches et du lait ? Je suppose.
Nous sommes au milieu du 1er
siècle. Reliés à la Ville de Tarraco par
la via Augusta. Sans doute pouvait-on
s’y rendre aussi par mer ? Il devait y avoir quelques barques catalanes
remontées sur le sable ? Le chic (quand on est le numéro deux de la Ville)
est comme aujourd’hui de disposer d’une résidence secondaire, avec une partie
les pieds dans l’eau : « un
balcon sur la mer » ne date pas d’aujourd’hui, nous poursuivons les
mêmes fantasmes à 2000 ans de distance !
Voilà les quatre conditions auxquelles
doit répondre toute bonne construction : l’eau me semble primordiale, et
je n’arrive pas à comprendre : la citerne au nord est imposante, quasi
intacte avec son revêtement étanche et sa vidange qui pourrait encore servir.
Sauf que le rejet se fait au Nord, à l’opposé de la Villa qui donne au Sud !
Comment se remplissait-elle ? La roche lisse forme un impluvium naturel
qui devait ruisseler lors des gros orages. Je veux bien qu’elle se remplisse
toute seule ?
Plus complexe encore la citerne
(bouchée) seule survivante d’une série de 6, avec son arc (roman) encore
entier. Même impluvium ? En tous cas, à partir de cette hauteur, partent
des tas de canaux encore visibles alimentant les thermes à mi-pente, donnant
vers le Sud.
Sinon, on retrouve les pièces habituelles, petites malgré la grandeur du site. Des morceaux de mosaïque ; de marbres, le tout soigneusement pillé (depuis 2000 ans…), la partie où restent les mosaïques est soigneusement recouverte, interdite au public.
essentiel : latrinas |
essentiel pour Faustina : le chauffage central |
essentiel pour Caius : la piscine d'été dite frigidarium |
La partie la plus spectaculaire
est couverte par un long hangar : les murs ont encore les ocres-rouge d’origine,
et les fresques sont émouvantes. Le sol est carrelé de mosaïques simples, que
les restaurateurs (pourquoi ont-ils cette allure de hippies ?) soufflent
au compresseur avec application.
J’oubliais : nous sommes chez Caius Valerius Avitus,
marié à Faustine.
L’été, des figurants invitent les estivants à visiter leur sweet home
Il existait bien une résidence
les pieds dans l’eau, mais voici l’explication de sa disparition : entre
les barbares ; les incendies ; et l’érosion de la mer, il ne reste en
effet plus grand chose !
Quand les archéologues recruteront-ils des hydrologues
pour expliquer comment les Romains
utilisaient tant d’eau douce
sans rivière à côté ?
les vestiges des thermes marins |
et les quatre phases de leur degradation |