samedi 11 juillet 2015

Mon beau chapiteau (vraie fin)



Je me suis trompé ! Je croyais avoir fait le tour (c’est le cas de le dire) de mon chapiteau, voilà que Christian me « déterre » l’extrait de la Revue du Comminges qui m’avait échappé, Tome XCII, année 1979, il est vrai qu’il y a 36 ans, davantage que la prescription trentenale, qui conduit (dans notre cher pays) à prescrire tous les actes qui ont pu être commis avant. Or il ne faut pas prescrire les archives !

Deux auteurs célèbres ici expliquent le Cloitre de la Collégiale de Saint-Gaudens : Marcel Durliat, (qui est Toulousain), et Gérard Rivère, à qui l’on doit tout ce qui existe ici, puisqu’il a retrouvé la majorité des pièces romanes, remises en place grâce à lui, dans les années 1989.

Saint-Gaudens, (dont les racines chrétiennes s’expriment ainsi de manière ostensible (presque ostentatoire) dans le nom de la Ville),  s’est appelée, après la Révolution, Mont-Unité. Je vous l’ai déjà raconté en vous parlant de la Chapelle de la Caoue construite à l’endroit où a été décapité le Saint. Tous les édifices religieux ayant été rasés (comme le font aujourd'hui les partisans de l’Etat islamique), il ne restait plus grand chose de la Collégiale Saint-Pierre-de-Saint-Gaudens remise aux chanoines par la charte datée de 1059, signée de Bernard II, évêque. Tout du moins du cloitre et de ses chapiteaux, faciles à démonter, faciles à brader.

chapiteau de St-Gaudens

On devine que les amateurs d’Histoire n’auront de cesse, ensuite, que de rassembler les chapiteaux dispersés dans les collections particulières, des heureux acquéreurs des biens de l’Eglise vendus à la Révolution (et pas perdus pour tout le monde). Dans ces acquéreurs, figurent nos amis américains, qui privés d’Histoire romane ont tenu à racheter les biens que nous bradions, comme le cloitre de Bellefont dont je vous parlerai une autre fois. Celui de Tarbes, etc… Nous venons de vivre l’achat par un marchand Bruxellois de notre dernier chapiteau, sans doute est-il déjà aux States, où on le verra bientôt, miracle d’internet qui permet d’accéder aux œuvres de la planète ! https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Cloisters

chapiteau dit de Tarbes aux USA

Par exemple, Alexandre Dumège avait acquis en 1815, pour le musée des Augustins de Toulouse, un chapiteau dont à l’époque la provenance restait indéterminée : il n’existait pas d’inventaires, encore moins de photos, et celles en noir et blanc pourtant prises dans l’article cité il y a 36 ans paraissent bien laides par rapport aux photos numériques couleur d’aujourd’hui. Ce n’est qu’en consultant les archives de la Société Archéologique du Midi de la France, (toujours active aujourd’hui), que l’on trouve dans le compte-rendu de la séance de 1836 le renseignement suivant : « M Du Mège annonce que Chaton son correspondant à Saint-Gaudens a envoyé le chapiteau en marbre sur lequel les apôtres sont représentés ».

voici le Chaton de Du Mège à Rome, il aime décidément les oeuvres néo-classiques

Je voudrais en effet vous montrer ce chapiteau, bien en place aujourd’hui :

Il porte au centre d’une des grandes faces (puisqu’il est de section rectangulaire) Saint-Pierre avec ses clés. Et avec l’inscription EGO SU(m)/S(an)C(tu)S/PE/TRU/SE- Même si vous n’avez pas appris le latin, vous pouvez deviner qu’il dit (égo existe toujours, toujours présent chez les acteurs, les people et les hommes politiques, ils ont un grand EGO : je suis. Je suis Saint Pierre (comme pierre).

A côté, il y a Paul : EGO SU(m)/S(an)C(tu)S/POU/LUS


Quand l’inscription existe, c’est donc facile ! C’est ainsi que l’on identifie Simon ; Jacques ; Jean ; Barthélémy ; et Philippe.


Alors ce qui est bien, c’est que si l’artiste n’a pas laissé son nom, on le devine cheminant d’Eglise en église dans le coin, pour réaliser les sculptures commandées successivement par les moines….par exemple à Saint-Aventin.




La parenté est évidente entre le visage de la mère de Dieu, et l’apôtre central de notre chapiteau : est-ce le même artiste ?
Qui est-ce ?

Il y a plein d’autres chapiteaux à observer : Adam et Eve introduits au Paradis terrestre… La Tentation !

Ensuite : c’est l’EXIT, vous voyez qu’il a existé bien avant l'Euro et la Grèce : l’expulsion du Paradis !

plus besoin d’aller au cinéma :

Allez voir mes chapiteaux :

Vous y lisez toute notre Histoire !

pour voir celui-là, il faut se rendre aux States !