retour à Montoulieu
Nous sommes dimanche, début d’été,
il fait très chaud, et on nous promet des 37° la semaine prochaine. Normalement,
dernier dimanche de juin, c’est le rassemblement des vieilles voitures à Alan. http://babone5go2.blogspot.fr/2013_06_01_archive.html.
Je décide de m’y rendre, espérant retrouver la torpédo verte d’il y a
deux ans. Hélas, le passé ne se répète jamais : mon ami mécanicien est
absent, j’espère que sa santé est bonne, mais me souviens que la B14 avait un
problème avec un cylindre ! Il n’a pas du avoir le courage de réparer !
Le cortège est parti faire un tour de 100 Km il y a dix minutes. Il revient à
midi, pour un déjeuner (géant) sous la Halle. Très peu pour moi : ensuite,
digestion (laborieuse) sous la chaleur de la grande place, je préfère me mettre
au frais !
c'est la seule présente, le propriétaire n'a pas eu le courage de la lancer sur 100Km de plus ! |
Pour aller à Alan, on passe par
Aurignac, l’Aurignac de l’Aurignacien.
Et juste dans le coin, il y a Montoulieu
Saint-Bernard. Lieu célèbre il y a 2000 ans, par sa villa romaine.
Je devine la conversation, il y a
donc deux mille ans, entre le propriétaire, Brutus
Avezacius, et Pompona sa femme.
Fille d’un riche commerçant d’Aurignacus, (et au caractère pas commode des enfants gâtées).
La conversation se passe en
latin, langue morte aujourd’hui, (et qui n’a pas grand avenir depuis que la
Ministre de l’Education a décidé de privilégier les langues provinciales, au latin,
d’où provient pourtant le Français, bref) !
-Brutus : -« tellement
que je te kiffe Pompona (la traduction est moderne), que je voudrais te construire
une villa à Montoulieu, là où j'ai mon exploitation agricole". Je ne précise pas : « villa romaine », car à l’époque, il était
impossible de faire autrement.
-Pompona : -« te
rends-tu compte Brutus mon époux, que Montoulieu est le trou le plus paumé
qui soit au cœur du Comminges, aucune boutique, pas d’hyper encore moins (ils
n’avaient pas été inventés), et que je
vais m’y morfondre pire qu’à Aurignacus déjà pas très rigolo surtout l’hiver »
(je précise : le musée préhistorique n’a été construit que l’année
dernière).
-Pompona ajoute : -« et puis l’été il fait une chaleur
torride. Je ne saurais y séjourner que si tu me construis une piscine en marbre
de Saint-Béat. Elle ne dit pas Saint-Béat, à l’époque on disait Passus lupi, le passage du loup, je
vous ai déjà expliqué ça. ... « et si tu mets à ma disposition trois esclaves (femelles) pour me
coiffer ; me faire la cuisine ; et le ménage. Plus un swimming-pool-boy
(elle le dit en latin mais je vous le fais en américain comme à Beverley
Hills) de race nubienne, qui saura me masser ».
Fantasme classique de gallo-romaine-gâtée chicos.
Brutus n’aime pas trop cette
fantaisie de pisciniste-masseur-nubien, mais
est prêt à faire ce que lui demande Pompona s’il veut construire sa villa
(tranquille). Il cède !
voici le croquis de Pompona, retrouvé par miracle dans les archives de Tolosa elle s'est dessinée avec Brutus en face je savais bien que j'avais sa photo quelque part ! |
Et la villa se fait, Brutus élève des vaches, chevaux et
autres porcs ; Pompona s’enferme
l’été dans la piscine, où elle se fait gratter par son masseur, le reste ne
nous regarde pas. Brutus ferme les yeux car lui s’est réservé une jolie gauloise
du coin. (Tout ceci sans rapport avec l’histoire qui nous intéresse).
Les barbares ariens du Nord
débarquent en 475 et cassent tout comme je vous ai déjà raconté. Les guerres
passent, l’agriculture reprend ses droits dans un Montoulieu qui ne change pas
depuis 15.000 ans (les Aurignaciens occupaient le pays à l’époque).
Jusqu’à 1957.
Sur les ruines de la villa,
quelqu’un a construit une ferme, entourages des portes et fenêtres en pierres, (il
y en avait partout par terre), et briques classiques recouvertes de chaux. Les anglais dans les
années 57 achètent, et réhabilitent la belle maison d’aujourd’hui… construite
sur la villa romaine ! Ils ne vont pas tout casser pour retrouver les
mosaïques, dommage !
Même année, donc, le voisin d’à
côté, Avezac, décide de creuser un trou, à la campagne, on creuse des trous
pour des tas d’occasions, souvent pour y cacher des saloperies, par exemple une
fosse septique, (un ou des cadavres ; des poubelles qui permettront plus tard aux archéologues de dater le site).
Il trouve un cheval,
ou plutôt son cadavre.
Il trouve aussi des
parois de marbre, curieux, il creuse autour… et dégage la piscine de Pompona !
Non seulement celle-ci s’y
plongeait l’été (avec ses gouvernantes ou/et Brutus). Mais l’hiver, le fameux masseur-à-tout-faire
lui faisait chauffer l’eau, pour continuer d’y prendre des bains (chauds cette
fois), souvenez-vous que les romaines ne connaissaient pas le savon, et
passaient au sauna pour se faire transpirer, avant de se faire gratter la sueur
(par une tierce personne, du genre esclave nubien, système bien commode à l’époque, et
à la base du succès du modèle romain).
Nous y voici :
je voulais revoir la piscine de Pompona. Elle n’a pas bougé.
Je rentre rassuré :
1 mètre 26 de profondeur ; 18 m3 : les romains n’avaient pas la folie des grandeurs.
C’est exactement la
profondeur et le volume que j’ai choisis pour la mienne
J’en sors à l’instant, l’eau est à 25°
je pense à Pompona
et aussi à Brutus ; j’espère qu’il en a profité aussi ! (je
parle de sa piscine)
sacrés mecs, ces romains !
PS : c’était
en 2011 :