de Philippe Pascot
qui est-ce ?
... un indigné ?
... un résistant (authentique) ?
Je vous renvoie à son blog : https://resistanceauthentique.wordpress.com/tag/philippe-pascot/
Vous vous souvenez la devise du Figaro, empruntée à Beaumarchais : « sans liberté de blâmer, il n’est pas d’éloge
flatteur » ?
Philippe Pascot monte, lui, d’un cran : « En ces temps de tromperie
universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire »
quelle déclaration !
Ancien maire adjoint d’Évry
auprès de Manuel Valls, puis conseiller municipal, ancien conseiller régional,
président de la commission formation professionnelle et apprentissage de l’Ile
de France, comédien ; fondateur d’un journal et d’une radio, homme-orchestre,
Chevalier des Arts et des Lettres, Philippe Pascot a 25 ans de vie politique
derrière lui et a fréquenté la plupart des élus politiques de premier plan. Il
milite pour une transparence totale de l’exercice politique et est engagé dans
de nombreux combats de société ...
la preuve !
Il est co-auteur avec Grazielle
Riou de « Délits d’élus » - 400 élus en prise avec la justice (Max Milo
2014). Il vient de sortir : « Pilleurs
d’Etat ».
quel titre !
Agnès Verdier-Molinier nous l’avait
déjà dit, et donné le chiffre précis dans : « on va dans le mur » : http://babone5go2.blogspot.fr/2015/03/on-va-dans-le-mur.html
: Combien avons-nous d’élus en France ? 600.000 élus ? 700.000 mandats électifs ? C’est
Philippe qui parle : « Nous ne le savons pas exactement... ». Agnès,
elle, nous précise : 618.384. C’est là qu’elle est convaincante, une des
rares à avoir fait l’addition ! Ce
que nous savons en revanche, c’est que la France est proportionnellement le
pays au monde avec le plus d’élus par habitant !
« S’agissant de leurs
émoluments, beaucoup d’élus touchent peu, au service de la population, il est
vrai, mais d’autres touchent beaucoup, à leur propre et seul service. En effet,
pour ceux situés en haut de la pyramide, grâce à l’effet des cumuls divers et
autres activités annexes, c’est jusqu’à, pour quelques-uns, un million
d’euros de revenus par an, sans compter
avantages et privilèges divers. Que cachent nos élus sous le tapis de leur
exemplarité affichée ? Pourquoi une moralité aussi élastique quand elle touche
à leurs privilèges ? Comment ce système qui produit des abus s’est-il
généralisé et pérennisé ? Philippe Pascot démontre à travers des faits concrets
que le système lui-même, dans son immobilisme calculé, ne peut donner naissance
qu’à des dérives légales mais toujours totalement immorales. Si tous les élus
ne sont pas pourris, beaucoup sont complices, ou simplement complaisants. Cet
ouvrage recense presque tous les abus légaux dans lesquels se vautre sans
vergogne une partie de la classe politique française : revenus exorbitants,
exonération d’impôts, retraite douillette et autres petits arrangements entre
amis, le tout dans le cadre de lois faites sur mesure et qu’ils connaissent sur
le bout des doigts ».
Philippe Pascot poursuit : "J‘ai découvert avec effarement qu’en
dehors des délits référencés dans le
Code pénal et justifiant d’une procédure judiciaire, il y a aussi, derrière,
devant ou conjointement à un délit, une multitude d’abus, commis joyeusement
par nos élus, dans une opacité savamment distillée et auto-entretenue, toutes
tendances confondues. Ces abus, privilèges, passe-droits, avantages me laissent
pantois et désespéré sur le genre humain. Le pire, c’est que la plupart de ces
« abus » sont revêtus d’une légalité de façade qui permet à ces élus de se
draper dans une innocence de circonstance qui, à défaut d’être répréhensible
pénalement, m’enveloppe de beaucoup plus qu’un doute sur l’éthique et la
probité de ceux qui en profitent. »
C’est l’ancienne ministre Michèle
Delaunay, députée de Gironde, qui a très bien décrit le phénomène sur son blog : http://www.michele-delaunay.net/delaunay/category/blog.
Son blog est comme le mien, les articles s’accumulent, pas facile de
retrouver le billet du 13 septembre 2014 sans feuilleter des quantités de pages ! Je l'ai fait pour vous : http://www.michele-delaunay.net/delaunay/blog/le-tunnel-ou-comment-faire-carriere-sans-mettre-un-pied-dans-la-vraie-vie
Quand on y arrive, ça vaut le coup !
Je cite Philippe Pascot : "Elle y décrit le parcours
carriériste de nombre de ses collègues qui suivent tous à peu près le même
chemin, certains allant juste plus vite que d’autres. Elle constate aussi que
les élus (de plus en plus nombreux) et les parlementaires ne savent rien de la
vraie vie, celle des fins de mois difficiles, des courses à faire pour la
semaine, des repas à préparer pour les enfants, de la voiture qui tombe en
panne au mauvais moment, des transports en commun bondés et toujours en retard".
"De tous ces petits détails, qui
empoisonnent la vie quotidienne de tout un chacun, ils n’ont jamais connu
l’ombre d’une miette. De la vie, ils ne connaissent que celle qu’ils se sont
bâtie en consacrant l’essentiel de leur temps à atteindre le seul objectif
qu’ils se sont fixé : être élu. Et comme le dit très justement Mme Delaunay, le
virus sympathique du départ, cette envie de transformer le monde, d’aider son
prochain, se mue en maladie incurable de celui qui sait tout, dont la parole
devient d’évangile, la volonté de puissance remplace celle de bien faire : le
surhomme vient au monde. Celui qui, parce que le système le veut, perd toute
spontanéité et se met à calculer ce que veut voir l’électeur et non ce qu’il
faut faire en réalité pour l’intérêt général".
"Car à ce stade de la carrière
naissante de l’élu, celui-ci prend goût au pouvoir et à tout ce qu’il
représente. Du jour au lendemain, son statut change, il cesse de faire partie
du commun des mortels, il devient un personnage, un notable, quelqu’un de
respectable et de respecté".
"Je l’ai moi-même vécu après mon
élection en tant que conseiller régional d’Île-de-France, puis de président de
la commission de la formation professionnelle et de l’apprentissage de la
Région Île-de- France. D’un coup d’un seul, je suis devenu quelqu’un d’autre.
On aurait pu croire qu’une fée s’était penchée soudainement sur mon berceau
d’élu et, d’un coup de baguette magique, m’avait rendu immédiatement beau et
intelligent… Du jour au lendemain, un certain nombre de courtisans
administratifs, souvent des chefs de service qui hument la possibilité d’une
promotion, venaient me voir, l’échine courbée, me serinant de façon obséquieuse
du « Le président veut-il… » ou du « Si le président pense… » à chaque phrase
requérant mon attention".
"À l’époque, ce tumulte soudain
m’avait tellement perturbé que j’ai mis une bonne journée à comprendre que le
président dont parlaient sans arrêt ces gens, et qui paraissait si important à
leurs yeux, eh bien c’était moi ! Et non Jean-Paul Huchon, le président de
Région, comme je l’ai cru toute la journée".
"Cela crée un choc et vous
propulse vite, si on n’y prend pas garde, sur un nuage où on se laisse vite
bercer"...
"Le pouvoir que l’on vous octroie
procure les avantages qui en sont l’accessoire (téléphone, Internet, frais de
représentation, invitations diverses et variées…), eux-mêmes doublés d’un
soupçon de privilèges et d’un zeste de passe-droits qui font que très vite, de
tout là-haut sur le petit nuage, les vraies gens deviennent tout petits, voire
insignifiants. Vous venez de toucher le gros lot et plus rien ne compte
vraiment que la contemplation de ce que vous êtes devenu".
"Une fois bien installé, l’élu,
prenant goût à la fonction, commence à réfléchir et se demande comment faire
pour que de locataire de son mandat, il en devienne propriétaire. Sans s’en
rendre compte ou par calcul (pour toujours davantage d’élus), l’élu fait ce
qu’on appelle « un plan de carrière ». Il commence alors à cumuler : un mandat
pour la soif, un autre au cas où, une vice-présidence par-ci, un petit mandat
local comme base de repli par-là, un territoire à garder pour avoir sa base
arrière"…
On entre maintenant en politique,
toutes tendances confondues, avec un plan de carrière préétabli. On va essayer
dans un premier temps de gagner sa place au soleil, puis de la garder et
d’agrandir à mesure son terrain de jeu. Le tout entre gens du même monde, de la
même corporation, qui se serrent les coudes quand on essaye de toucher à leurs
prérogatives. Certes, de temps en temps, ces gens se donnent quelques coups de
griffes, mais en général ce sont plutôt des coups de pattes, comme le ferait
une portée de chatons joueurs entre eux, juste pour désigner celui qui sera le
dominant de la tribu.
"Comme de plus en plus d’élus à
responsabilités multiples ont quasiment le même parcours pour arriver au
pouvoir, qu’ils sont tous issus à peu près des mêmes couches sociales (à
quelques rares exceptions près), qu’ils ne travaillent, vivent, respirent
quasiment qu’en vase clos, il tombe sous le sens que la compréhension de la vie
au quotidien leur échappe. Dans le même moule de fonctionnement, ne vivant que
pour et par leur carrière emportée de haute lutte, entourés d’une foule
d’assistants courtisans qui les conseillent tout en montant autour d’eux un
cordon sanitaire infranchissable pour celui qui n’est pas coopté par le «
sérail », ces élus parlementaires aux mandats multiples ne peuvent plus
comprendre et sentir les besoins d’une population dont ils ne font plus partie
car ils n’en partagent plus rien (si ce n’est les petits fours lors des
inaugurations, des comices agricoles et pince-fesses nombreux").
"Ils décident, peaufinent,
détaillent, inventent des règles et des lois qui sont à 100 000 lieues des
préoccupations quotidiennes de la population. Comment des parlementaires
peuvent-ils comprendre qu’il est difficile de vivre avec un revenu de 500 euros
par mois alors que tous sont plus que largement à l’abri du besoin ? En 2012,
il ne restait au sein du Palais-Bourbon qu’un seul député ouvrier. Depuis cette
date, légère amélioration, il y a 11 députés ouvriers et employés, soit environ
3 % de l’ensemble de l’Assemblée".
"Si on ne doit pas tomber dans les
clichés simplistes et stériles, on est quand même obligé de constater que nos
parlementaires ne sont plus à l’image de leurs mandants. La fracture entre ceux
«d’en haut» et ceux « d’en bas » s’agrandit d’année en année".
"Dans un rapport du Centre de
recherches politiques de Sciences Po (Cevipof ) de 2012, on constate qu’il n’y
a quasiment plus aucun parlementaire qui le devient au titre d’un premier
mandat. Quasiment tous ont déjà une longue carrière politique ou d’appareil
derrière eux. La plupart ayant commencé leur parcours avant 25 ans dans des
instances politiques soit comme assistants parlementaires, soit comme
conseillers municipaux ou régionaux".
"La politique n’est plus vue comme un sacerdoce dans lequel on s’engage pour défendre la veuve et l’orphelin mais comme une carrière au long cours. Il faut la gérer avec prudence au sein d’un groupe qui vous protégera, et sa continuité passera, pour beaucoup, par une soumission profonde sous des dehors de liberté apparente".
"Sans soutien, sans appui, sans
argent, il est quasiment impossible aujourd’hui de gagner une élection
parlementaire. Le trublion qui vient déranger la machine bien huilée du
parcours obligatoire du candidat programmé ne passe plus que très rarement la barre
du premier tour. Il faut être du « sérail ».
Tous ces élus forment un
conglomérat bien tassé dont les couleurs politiques se distinguent de moins en
moins, tant le fonctionnement interne de ce bloc uniformisé procède d’un
immobilisme prudent nécessaire pour conforter un parcours politique qu’ils
veulent sans risque".
"Les parlementaires se gardent
bien de s’aventurer dans des réformes profondes de la société en évolution ou
sur des terrains trop voyants qui les exposeraient à la critique ou pire, à la
vindicte populaire".
Extrait de "Pilleurs d'Etat", de Philippe
Pascot, publié aux éditions Max Milo, 2015.