vendredi 12 décembre 2014

On verra bien demain


La mort peut attendre…
 l'émission "Thé ou café" 30  novembre 14

…de Maurice Mimoun

Maurice Mimoun naît en 1955 à Constantine. Je m’interroge : un rapport avec Alain Mimoun ? Aucun ! L'enfant, né à Constantine, ne se souvient ni du rapatriement, ni surtout du ressentiment pied-noir. Simplement de son père cheminot qui, la journée terminée, préparait le prochain concours Lépine dans son atelier. «On s'est lavés dans le lavabo puis dans une baignoire, ce passage m'a peut-être permis d'être ouvert à tout.»  lis-je dans une interview. A moins que ce soit le miracle anténatal : sa mère, enceinte de lui, se noie dans sa baignoire. Son père la trouve, le coeur arrêté, un oncle militaire accourt, lui enfonce une seringue dans la poitrine et la réanime. «Et le bébé?», demande le père. Le petit Mimoun se remet à bouger. Il aime toujours beaucoup l'eau, qui soulage les grands brûlés.

En 1989, il est nommé Professeur des universités – praticien hospitalier / Professeur de Médecine. En 1993, il devient à la fois, chef de service du centre des grands brûlés de l'hôpital Saint-Antoine et chef du service de chirurgie plastique, reconstructrice, esthétique de l'hôpital Rothschild. Par la fusion de ces deux services, il est devenu, lors de son inauguration par la Ministre de la Santé Marisol Touraine le 7 juin 2012, chef du nouveau service de chirurgie plastique, reconstructrice, esthétique et de brûlologie de l'hôpital Saint-Louis de Paris.

Maurice Mimoun est président de la Société française d’étude et de traitement des brûlés, il est aussi responsable du DESC de chirurgie plastique, responsable du diplôme interuniversitaire « traitement des brûlures », membre d’une mission ministérielle pour la construction d’un centre de brûlés au Pakistan en 1998, et depuis les années 2000 membre du conseil d’administration de l’association Children’s Action, ONG pour l’aide aux enfants brûlés au Viêt Nam.

Ecrivain aussi : il est  l'auteur de l’Impossible Limite (1996), S’empêcher d’en faire trop (2004), "Une vie plus une vie" (2013), roman recommandé par Milan Kundera, et de nombreuses communications scientifiques.

Il est l'invité de Rene Frydman sur France Culture en novembre 2012. Le dimanche 14 avril 2013 il est l'invité de Thé ou Café sur France 2 à 7 heures du matin, l’heure du café. Puis le 30 novembre dernier, pour la sortie de son dernier livre. Je le découvre à cette occasion, et achète aussitôt : « la mort peut attendre ». Il suffit d’un aller-retour à Toulouse par le train pour le lire d’un trait… en stoppant tous les quart d’heure quand-même ! Trop lourd à lire par grosses doses !

Son copain a un aphte. Petit symptôme, grande cause, la biopsie décèle un cancer. Pas de bol, les vacances sont déjà programmées. Dommage de les sacrifier pour un aphte. Biopsie ; hôpital ; chirurgie…lourde. Il faudra découper la mâchoire. Comment supporter son regard dans la glace ? Et le regard des autres ?

C’est la vie, le mystère total de la vie : une minute avant, la vie. Une seconde après, que s’est-il donc passé ? La vie est partie, quelque chose s’est débranché : quoi ? et c’est la mort ; irrémédiable.

C’est quoi la vie ? Comment, même médecin, savoir quoi faire, prendre les bonnes décisions ? « On verra bien demain » devient la phrase rituelle, litanique, dans l’incertitude de la réaction du corps.  Le copain fait confiance, le médecin alors doit bien décider. Ou faire semblant…! Un patient condamné peut très bien revivre soudain. Alors, la mort peut attendre ?

Et la vieillesse ? Condamnés à 80 ans, des patients vivent dix ans de plus, pour mourir d’autre chose que leur maladie initiale.

Mystère, la vie, la mort. La médecine ça peut marcher. Ca peut rater.

Ne pas mentir aux enfants. Accepter la réalité.

Pas facile d’être humain

en charge d’autres humains

pire, s’il s’agit d’un copain

tout bascule pour presque rien

tel vous dit le matin : « je veux mourir », l’après-midi affirme :
« je veux vivre »

Le député Léonetti nous presse d’écrire nos vœux en cas de pépin grave

et de les remettre à un tiers de confiance

ça va être un problème, si on désigne tous Maurice Mimoun ?

Psyche abandonnée Jean-Joseph Taillasson (1784)



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