Toutes les cultures du monde se
sont interrogées sur la question du «
sens ». Dans notre société en perte de repères, la science, nous dit
Jean-Marie Pelt, permet, en explorant le réel du big bang jusqu’à l’homme,
d’apporter des éléments de réponse à cette question.
En effet, d’un bout à l’autre de
la longue histoire de l’univers, l’évolution conduit des éléments simples à
s’associer pour former des entités plus complexes, faisant émerger de nouvelles
propriétés C’est ce qu’il appelle le «
principe d’associativité ». Par de multiples exemples puisés dans la
nature, Jean-Marie Pelt met en lumière le fait que la vie doit davantage à l’alliance qu’à la rivalité. C’est ainsi que les plantes se sont associées aux
insectes pour assurer leur fécondation. Que les arbres fabriquent les
substances chimiques éloignant leurs prédateurs. Que la sélection invente
toujours de nouvelles formes de vie résistantes aux forces hostiles. Que la
Nature se ré-invente tous les jours.
Pierre Rabhi défend avec lui ce
principe en « intendant et serviteur de
la Terre nourricière », comme il se définit lui-même. Pour lui, l’homme est
tout simplement un prédateur, avide et cupide, s’attaquant (sans réfléchir aux
conséquences), aux ressources naturelles : il risque bien de détruite la Nature
dont il est pourtant partie prenante. Il vit désormais majoritairement « hors
sol » dans les villes, mais il y perd son lien originel avec la
Nature, en devenant un consommateur de biens importés d’ailleurs, artificiellement
alimenté par une agriculture intensive et coûteuse en molécules chimiques et en pétrole
fossile. Détruisant la biosphère des espèces animales, il accélère leur
extinction. Rejetant les gaz à effet de sphère, il détériore le climat,
alimentant ainsi les catastrophes naturelles le menant à sa perte.
« On voit s’ériger des générations d’enfants qui, faute d’un éveil
à la vie, sont réduits à n’être que des consommateurs insatiables, blasés et
tristes. »
« Une agriculture qui ne peut produire sans détruire porte en elle les germes
de sa propre destruction ».
Il appartient désormais aux hommes d’engager
un processus vertueux, en privilégiant la coopération au détriment de la
compétition, source de tensions et de conflits.
Pierre Rabhi est interrogé ce matin par Anne Sinclair :
elle lui demande « s’il est utopiste » ?
Vous observez que dans notre Société libérale, (qui revendique
en même temps d’être humaniste et de gauche), les utopistes sont toujours brocardés
par les soi-disant réalistes !
Il répond : « non, je suis simplement cinglé ».
Jean-Marie Pelt et Pierre Rabhi,
amis de longue date, mettent ici en commun, par-delà les désespérances de notre
temps, une vision qui se veut optimiste mais qui exige, à leurs yeux, pour
aboutir à un monde plus juste et fraternel, une authentique et massive « insurrection des consciences ».
« Il nous faudra répondre à notre véritable vocation, qui n’est pas de
produire et de consommer jusqu’à la fin de nos vies, mais d’aimer, d’admirer et
de prendre soin de la vie sous toutes ses formes».
Un milliardaire peut tout acheter, ou presque…
sauf ce bien si subjectif :
la joie de vivre