vendredi 31 octobre 2014

Bastide de nuit


Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la bourgeoisie urbaine acquiert des terres où elle installe des villégiatures champêtres. Ces nouveaux domaines sont de véritables entreprises agricoles à l'activité bien définie : élevage, vigne, cultures maraîchères, etc. Ils comportent la maison du maître et la maison de l'intendant ou régisseur, ainsi que des dépendances considérables et des logements en grand nombre pour les ouvriers.

Lorsque la maison du maître est non pas sous le même toit que la maison du fermier ou du métayer mais nettement séparée de cette dernière, il s'agit d'une « bastide ». Nous sommes en Provence, et Dieu sait si Pagnol nous en parle, de ces bastides ! Ce type, répandu dans le pays d'Aix et la région de Rognes, se rencontre également à l'extérieur de cette zone, jusqu'à Pertuis, Jouques et le haut Var.

La bastide, où seul réside le maître, se présente comme un bâtiment isolé, généralement imposant sous une couverture à quatre eaux. Sa façade, à l'ordonnance symétrique, est traitée dans le goût noble de son époque.

Nous ne sommes plus en Provence, mais dans le Gers. Vous me direz : le Gers, c’est la Provence avant le tourisme, et l’envahissement d’aujourd’hui par les people. Nous sommes passés par là, avons goûté aux joies du « bonheur est dans le pré », et d’ailleurs, il nous suffit d’une heure de voiture pour nous y rendre, et admirer notre ancienne résidence, « la maison aux volets bleus », rachetée par un riche anglais qui voulait y prendre sa retraite. Il n’a rien changé tellement c’était bien fait !

C’est le cas hier soir. Nous avions rendez-vous dans une ferme fortifiée, à moins que ce soit un ancien couvent, ou même un monastère ? Remis à neuf il y a quinze ans. La nuit,  l’ambiance est plus impressionnante encore.

Quand l’autre jour j’entendais Bertrand Piccard évoquer le ciel dont il est un habitué, il racontait que la religion avait le tort de rabaisser Dieu au niveau de l’homme. Alors qu’il faudrait faire le contraire : hisser l’homme au niveau supérieur. La seule contrainte étant que l’on n’a aucune idée du niveau supérieur ! Il pense comme moi qu’il existe des forces inconnues. Des mondes parallèles. D’autres dimensions. Que tout n’est pas perceptible par nos simples sens humains.



Pour moi, il existe des contemporains qui ne vivent pas dans la même dimension que la nôtre : vu des Etats-Unis par exemple, la France, le Gers, paraissent comme des mondes merveilleux. Des élites américaines en perçoivent les richesses étonnantes : climat ; art de vivre ; art de manger. Art d’élever l’esprit en cultivant les arts ; la littérature ; et même les jardins. Il suffit de sauter dans un avion, d’atterrir à Blagnac, un taxi vous mène dans votre bastide. Vous êtes ailleurs … !

… dans votre bastide du XVIIIè siècle de forme carrée. La surface bâtie est géante : trente mètres sur trente, neuf cents mètres carrés de demeure quasi fortifiée. Il faut préciser qu’à l’intérieur, comme la cour d’une villa romaine, le jardin mesure 225 mètres carrés. Par soustraction, la surface habitable occupe 675 mètres carrés. Au centre, un jardin marqué par quatre oliviers. Au milieu, il y a forcément une fontaine. On a fait appel à un tailleur de pierres car on n’en trouvait pas ici, le tailleur est venu des Baux de Provence, la boucle était bouclée.


On peut y loger à l’aise une cour pour y passer l’été. C’est un peu plus difficile à chauffer l’hiver. Mais la vie s’y fait en autarcie : une gigantesque cuisine  abrite un vrai four à pain. On peut y cuisiner des pizza, si l’un des invités est pizzaiolo . Si un salon est plein on va dans le second. La salle à manger était celle que pendant un moment les moines se réservaient. Quant aux chambres, il y en a des tonnes. La décoration est telle que la rêvent les américains : meubles Renaissance. Lustres de fer forgé. Tableaux d'ancêtres aux murs...

Moment magique hier, nous étions rassemblés car parfois, un même lieu peut réunir des citoyens du monde : un Irlandais, habitant Londres, mais fréquentant le secteur à mi-temps. Avec easy-jet, il n’a aucun problème pour voyager ! Des amis du Jura, profitant de l’été indien, après tout, ils n’ont que huit cent Kilomètres à parcourir en voiture. Nous étions les plus proches.


Il y a longtemps que le destin ne nous avait pas réunis. Nous nous sommes retrouvés, en un lieu situé dans un monde parallèle. A dix-neuf heures trente toutefois, le Maître de maison Edward se lève : il est 14 heures dans son bureau (d’avocat américain). Il a des ordres à donner. En plus, il travaille à distance. Je parierais qu’il gagne de l’argent pendant le souper ! Quel que soit le décalage horaire. Nous sommes rentrés tard, de nuit, (en pensant à Saint-Exupéry) par les petites routes tortueuses, guidés par Paulette, la GPS, géolocalisés par quatre satellites.

Au matin, c'est comme si on avait rêvé !

Voici ce que l’on peut percevoir (des mondes parallèles)

en utilisant les données de l’Institut Géographique national.


C’est (un peu) magique !


mercredi 29 octobre 2014

L’Etat expert


l’Etat démocrate

Cela fait deux billets que je consacre à Sivens. Je trouve ce sujet illustrant de deux problèmes dont l’absence de solution « enfume » la vie publique de notre cher Pays.

J’en vois au moins deux :

1-l’Etat (qu’il faudra bien réformer coute que coute pour le recentrer sur ses missions basiques), a plusieurs fonctions essentielles. L’une d’entre elles, il faudra bien en reparler un jour, est de pouvoir être l’arbitre des grands choix du Pays. L’affaire Sivens le montre : constitue-t-on des projets d’avenir quels qu’ils soient sur de véritables arguments , ou seulement sur de belles idées, fussent-elles généreuses ? On adore chez nous faire le bonheur de nos concitoyens sans trop les y associer, avec l’argent public des mêmes concitoyens. Il faut muscler davantage les projets. Les évaluer.

Promouvoir l’efficience, qui mène à l’excellence.

L’Etat doit disposer de ses propres experts

Comme j’ai fait référence à mes collègues (en activité) du Conseil Général de l’Environnement et du développement durable (après tout, ils sont les experts de l’Etat) voilà ce qu’ils souhaitent sur la capacité d’expertise qui guiderait les décisions publiques.


S’agissant d’un domaine stratégique et en pleine actualité, les Systèmes d’information (que l’on nomme à tort en simplifiant « informatique », voilà ce qu’ils disent : l’indépendance d’un Pays tel que le nôtre s’agissant d’internet et tout ce qui tourne autour, ne peut se faire si on ne dispose pas d’experts-Etat :



2-L’Etat démocrate a chez nous quelques problèmes à résoudre : ce n’est pas moi qui m’exprime, mais nos amis Suisses, accoutumés à soumettre au référendum local la plupart de leurs projets intéressant la vie publique.

En caricaturant, ils nous voient comme un Pays pratiquant des élections permanentes. Sauf que les candidats promettent, des choses qu’ils ne réaliseront pas. Le citoyen méfiant ne supporte plus ce système, s’abstient, et se met en retrait. Telle collectivité va promouvoir un projet agricole passant par un barrage ? D’abord on ne dit rien : c’est trop compliqué de trouver les arguments pertinents. On s’inquiète de tel ou tel sujet ? On vous répond par des arguments trop simples du style : -« faites confiance : on fait votre bonheur, on sait, on a tout étudié, on est légitime,  vous verrez bien ».



On nourrit indirectement une contestation silencieuse, qui se trouve renforcée aujourd’hui par des cohortes actives, les ALTER, proposant un autre modèle de société. Ils se trouvent appuyés de toute façon par tel ou tel mouvement ayant pignon sur rue, les écologistes, à défaut d’être écologues. Ils s’en font le bras armé, même si on ne leur a pas demandé. Ils me rappellent nos amis corses qui faisaient exploser les résidences secondaires (construites sans permis de construire), soutenus par une majorité silencieuse bien contente que quelqu’un fasse appliquer la Loi.

Et quand un projet pas assez approfondi, bâti davantage sur une stratégie politique que sur des arguments objectifs, qui a passé les étapes légales des enquêtes démocratiques, finit par s’inscrire sur le terrain, en coupant les arbres et en amenant le béton, ne reste plus aux contestataires (dont le job reste l’unique contestation), que la violence.

Et quand les CRS deviennent le seul argument sur le terrain pour promouvoir un projet de société mal étoffé, c’est violence contre violence.

On ne peut continuer ainsi à mal défendre, auprès des citoyens,  les grands projets publics.

Il nous faut associer encore (davantage) les bénéficiaires

des projets conçus pour eux

la méthode suisse n'est pas si bête ?


en vous abonnant à la lettre du Conseil Général de l'Alimentation, de l'Agriculture et des Espaces ruraux
vous saurez tout sur les grands enjeux de société concernant l'eau

Sivens (suite)


Suspendons !

Je me doutais bien que l’affaire Sivens est grave : nous sommes dans la France "d’en bas", on y construit un barrage agricole, on défriche la forêt : pas grave : on est entre « provinciaux » ; tout est légal, c’est le Président du conseil Général qui défend le projet, son projet, il le fait dans l’intérêt général de son département, forcément !  Il n’est pas le seul élu de sa majorité gouvernementale à croire en sa bonne foi. Le Ministre de l’Intérieur insiste tout à l’heure sur Europe 1 : ce n’est pas l’Etat qui défend son projet : c’est le projet du Tarn après tout, on fait confiance au Tarn pour avoir … du bon sens !





Dany devient le seul personnage à élever le débat aujourd’hui : « il faut suspendre ». Il faut suspendre le projet. Après tout, le maïs 2014 est en train de sécher (1), j’imagine que dans le Tarn, on prépare le futur maïs des années 2016 ou 2017 ou après encore  ? On a bien trois mois pour réfléchir ? Le Ministre de l’Intérieur reprend le slogan : « j’ai suspendu l’emploi des grenades offensives » ! Quand on y songe bien : utiliser des grenades offensives pour défendre l’irrigation de 40 exploitations de maïs traditionnel, c’est un peu …ridicule ! On a suspendu puis supprimé l’écotaxe pour moins que cela ! Suspendons !

Suspendons les projets mal ficelés !

L’écrivaine Hélène Duffau écrit à Thierry Carcenac dans Mediapart. Elle a des propos très durs, mais elle écrit très bien :

« Un projet de barrage d’irrigation tente de s’implanter en force. Il concerne la zone humide du Testet, un lieu précieux pour l’écologie, pour la préservation des espèces, tant animales que végétales, et leur reproduction. Un lieu précieux pour qui aime à randonner dans un territoire verdoyant, auparavant réputé pour sa sérénité.

Depuis des mois, des citoyens disent les erreurs manifestes réalisées lors de l’étude de terrain et de faisabilité. Ils suivent les moyens légaux et juridiques pour se faire entendre et aviser les instances publiques, dont le conseil général, de solutions en phase avec l’Agenda 21, la nécessaire transition énergétique — qui tarde désespérément à se mettre en place dans notre pays, tout occupé à préserver un modèle devenu caduc.

Depuis quelques jours, mon fils a rejoint la zone à défendre ou ZAD. Il aura 19 ans dans quelques jours. Avec d’autres jeunes et d’autres plus avancés dans la vie, il se mobilise pour ses convictions. Il s’engage sur le terrain pour protéger une nature qui n’a que les humains pour veiller sur elle ou, au contraire, la dévaster. Il se lie à d’autres résistants parce que le sentiment d’injustice associé à ce projet de barrage le laisse par trop intranquille, insatisfait, et qu’il se sent suffisamment juste pour être entendu dans ses revendications.

Monsieur le Président, si mon fils s’invite dans cette action, c’est parce que vous demeurez sourd aux appels citoyens pacifistes. Parce que vous faites le choix archaïque d’un passage en force en lieu et place de la discussion, de l’échange constructif et de la concertation — une solution par laquelle la démocratie locale se trouverait pourtant grandie. Si mon fils s’engage, monsieur le Président, c’est également pour dénoncer des manipulations de dossiers qui vont dans le sens contraire de la transmission d’une information claire et précise, sur un sujet très coûteux qui engagera vos concitoyens pour le restant de leurs jours imposables.

Si ce jeune milite aujourd’hui, c’est parce qu’une décision inique frappe son territoire et qu’il forme le vœu de vivre dans un pays où la liberté d’opinion n’a d’égale que celle de se battre pour ses convictions. Car c’est ainsi, monsieur le Président, à travers l’histoire de notre pays, que la société française a pu évoluer : grâce au combat de citoyens qui ont dénoncé l’injustice et se sont battus pour faire triompher le droit. Nous ne vivons pas dans le territoire de Jaurès pour rien !



Monsieur le Président, cette jeunesse à laquelle vous tentez de donner la leçon en faisant sonner la garde, les Zadistes tous réunis, ces humains-là savent que l’avenir passe par l’écologie, par le respect de la nature et l’abandon d’un modèle agricole qui nous tue à petit feu, de par son utilisation massive d’intrants polluants, et sa soif incommensurable d’eau.

Cette jeunesse qui milite sait aussi, monsieur le Président, que l’avenir est à la paix, celle des consciences d’abord — et je pense à la leur, luttant pour pouvoir se regarder dans le miroir sans sourciller. Elle sait que l’avenir est à la transition énergétique, et à la réinvention d’une démocratie trop souvent fatiguée par l’affairisme et les intérêts non républicains qui se jouent en sourdine, dans le pays, lors de bien des projets d’aménagement du territoire.

Sachez, monsieur le Président, que je soutiens pleinement mon fils et les résistants de Sivens. Je partage leur combat et crains pour eux chaque jour, chaque nuit, chaque matin quand le jour se lève et que les affrontements reprennent. Au lieu de redoubler d’efforts pour les évincer brutalement et au plus vite, nous devons toutes et tous être fières d’eux qui tiennent bon, malgré toute l’ingratitude de leurs conditions de vie, là-bas.

Monsieur le Président, quand, dans une démocratie, les forces de l’ordre interviennent en lieu et place du dialogue, quels mots nous reste-t-il pour qualifier un tel régime, l’époque et ses manières ? Pour ma part, je n’en possède plus aucun en lien avec le respect dû par un élu à ses concitoyens.

Dans la démocratie, la souveraineté appartient au peuple. Et c’est ce peuple, monsieur le Président, qui vous envoie un message fort pour vous dire les erreurs et leur danger pour un territoire fragile, au Testet. Nous pouvons toutes et tous être fières de ces sonneurs d’alerte qui viennent nous dessiller et nous dire la réalité de la Terre.

Puissiez-vous, monsieur le Président, enfin les reconnaître comme tels et entendre leur propos.

Je crois bien que Madame Duffau a été entendue : le projet est bien  « suspendu »

si même José le dit, alors y-a-pas-photo !

Peut-on initier, entre-temps un projet alternatif pour les petits maïsiculteurs du secteur ?

... me semblerait la seule question à mettre sur la table. Suffit-il de les grever de futures charges fixes pour faire leur bonheur ? Peut-être, par exemple si on leur propose une filière, valorisant le maïs produit, pour en faire du foie bio, ou toute autre valorisation qui leur éviterait d’être le jouet des prix mondiaux ? Ce n’est pas une panacée de produire seulement des céréales de base. Notre vieux Pays doit développer des produits à forte valeur ajoutée !

Réfléchissons, étudions, optimisons,

la pluie va arriver, en trois mois on pourrait vérifier qu’on ne peut s’y prendre autrement, et des arguments cartésiens permettraient d’élever le niveau du débat.

Au pays de Descartes…et Jaurès…

mieux vaudrait en sortir par le haut !

(1)PS : Dans le Tarn et Garonne, on voit comment les barrages collinaires individuels ont permis le développement optimisé du maïs, avec séchage à la propriété, et valeur ajoutée à l'aval.

http://babone5go2.blogspot.fr/2014/10/le-mais-ca-seche.html



suite de l'interview précédent :
c'est Jacques Valax qui s'exprime : franchement, il faut muscler l'argumentaire,

utiliser les outils juridiques appropriés de protection des zones agricoles pour s'opposer aux promoteurs

et ... rappeler les experts : il faut des agronomes, pas des CRS !

mardi 28 octobre 2014

Sivens dans le Tarn

Les experts ont parlé

Ouf on peut, dans ce pays, faire confiance aux experts ! S’agissant d’irrigation des terres agricoles, il y a des décennies cependant que la messe est dite : le maïs consomme beaucoup d’eau. L’eau est rare, si on la prélève dans les rivières, puisqu’on portera atteinte aux autres usages de l’eau, notamment piscicole. Donc il faut faire attention. Le maïs laisse les sols dénudés l’hiver, ce qui favorise l’érosion. Pas très bon l’érosion, qui favorise le transport dans la rivière de matières indésirables. La culture du maïs suppose des engrais. Pas très bon s’ils fichent le camp dans la rivière, si celle-ci sert à la fourniture d’eau potable. Pire, si des molécules phytosanitaires (nos bons vieux pesticides) sont épandus en excès (or en mettre trop permet d’en mettre assez, pensaient les anciens céréaliers), le risque étant de voir toujours la même chose : les pesticides enrichir les eaux de surface.


Vous me direz : certes ! Les études sur le maïs génétiquement modifié avaient justement pour but de trouver des maïs OGM résistant à la sécheresse ; à la pyrale ; tout cela  pour créer le maïs du futur moins exigeant en eau et en pesticides ? Mais comme il est interdit d’y penser, (je crains que José Bové ait manqué d’esprit de clairvoyance dans cette vieille affaire où notre Pays brille par son Principe de précaution), on cultive le bon vieux maïs, ce qui explique (sans le justifier) le projet de Sivens.


Sivens dans le Tarn, pas loin de Gaillac, (son vin perlé) et du merveilleux Puycelsi. Sivens où un jeune vient de mourir pour défendre une alternative à un projet tel qu’on le pratiquait dans les années 90. Pas dans les années 2015, 25 ans plus tard !

Voilà deux Conseils Généraux qui se lancent dans l’agriculture traditionnelle, surestimant les besoins en eau, et lançant un gros projet conçu selon des critères dépassés. Autrefois, on faisait appel à l’ingénierie du Génie Rural, des Eaux et des Forêts. Je me souviens très bien avoir stoppé ce genre de projets en Haute-Garonne dès les années 1994, de même qu’on ne parle plus de remembrement agricole depuis des lustres en France.


Alors arrivent mes collègues du Conseil Général qui se nomme désormais, depuis la réforme, Conseil Général de l’Environnement et du développement durable. Les auteurs portent le titre (superbe) d’Ingénieurs Généraux des Ponts et des Eaux et Forêts. Ils sont Ingénieurs agronomes ou Polytechniciens, ont fait les écoles des Ponts ou des Eaux et Forêts, leur sigle est IPEF. J’en suis membre honoraire !

Au Conseil Général, ils expertisent les projets d’aménagement partout dans le monde, et appuyés sur leur charte de qualité et d’indépendance, peuvent se permettre de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Comme c’est bon ce langage des faits, et de lire leur rapport, publié par la Préfecture du Tarn permet de connaitre la situation telle qu’elle est.

On y apprend que le barrage prévu est surdimensionné ; donc les opposants ont tort quand ils sont excessifs, et attaquent les forces de l’ordre pour contester un projet juridiquement correct. Mais ils n’ont pas si tort que cela, en disant que le projet technique est perfectible. Que l’issue finale consiste à revoir (à la modestie) le projet initial.


J’ai trop connu de projets surdimensionnés. Aboutissant à un prix de revient à l’hectare insupportable. Conduisant les bénéficiaires satisfaits aujourd’hui d’avoir trop d’eau pour en avoir assez. Rouspétant quand le cours du maïs trop bas nuisait à la rentabilité de leur exploitation. Demandant aux mêmes Conseillers généraux de financer, des années plus tard,  les annuités d’emprunt. Même si le maïs fait l’objet, au titre de la politique agricole commune, d’aides à la surface…irriguée.


Le beurre et l’argent du beurre

il faut raison garder

si les experts pouvaient expertiser…


…avant ?


le 251, rue de Vaugirard, entre Vaugirard et Volontaires 

dimanche 26 octobre 2014

Mi cumpleaños a er Occitan


anniversaire en Europa

le futur pont sur la Garonne, il prolonge le tunnel sous Saint-Béat

Franchir la frontière, même s’il n’y a plus de douaniers, c’est s’expatrier un peu ! On a prémédité notre coup, répétant ainsi un rite qui s’inscrit dans la durée : fêter la fin octobre en Europa, en Espanya ; en Aragon, à Bossost très exactement, dans notre restaurant favori.

C’est presque comme si on était à la maison, à la différence que le Chef a concocté une nouvelle carte, de nouveaux plats, sucrés-salés, en plus du coutumier terre-mer. Je parle Français c’est plus facile, mais en Espagnol cela a davantage d’allure, même si on finit par comprendre de plus en plus la langue, (à force de s’expatrier et de lire les menus).

Il y a une matelote (au vin rouge) d’esturgeon. Nous sommes quatre, personne ne choisit ce plat : il va falloir revenir (assez vite) : avoir manqué la spécialité du lieu est impardonnable !

voici la marmite de chipirons...aux morilles !



















terre-mer pied de porc aux coquilles Saint-Jacques et ail noir...!

Pas de chance : des ingrédients manquent, les salsifis qui accompagnaient les petits calamares, des chipirons plus précisément. Le Chef (dans sa grande mansuétude) les a remplacés (au débotté) par des morilles, Thomas ne s’en plaint pas et du coup confirme un choix initial pas vraiment convaincu : il n’aime pas les salsifis ! Mais les morilles, oui ! Le goût, la structure grillée, l’odeur, sont délicieuses !

Une des entrées les plus prisées est nommée coca de légumes, un « truc » longiligne sur une croute cuite (le vocabulaire me fait défaut à l’évidence,) plein d’ingrédients admirables dont le must est du foie gras tout bêtement, mais avec du confit ! Recette sûre, si vous hésitiez, pas de souci, vous prenez ça !

regardez-moi ce foie rosé...!

Dans les plats principaux, je choisis une autre valeur sûre, la seule d’ailleurs «  terre-mer » : les lamelles de pied de porc (noir) reconstitué, (à moins que ce soit de la queue de porc ?), mêlées de muscles de coquilles Saint-Jacques. Auparavant, je suis le seul à me décider pour cette merveille, un ceviche de truite de Tavascan qui se mange avec une cuiller à soupe, pour mêler la sauce additionnée d’avocat à la chair saumonée. Un régal, mais tout ici est régal.

La soubrette n’a pas oublié l’Eixaders, de Lleida, (les Français disent Lérida, je me demande pourquoi ?) avec son goût boisé, et comme nous conduisons au retour évidemment, nous le gardons depuis l’apéritif jusqu’au dessert final, pour éviter les mélanges. En réalité Thomas a l’habitude d’être Sam, le sauveur qui ne boit pas d’alcool, et sait être ainsi le héros ordinaire, se sacrifiant pour laisser aux autres le risque de boire trop, tout en les ramenant à bon port sains et sauf. La preuve, je m'exerce à écrire, en arrivant.



il y a tout ce qu'il faut pour les amatrices de chocolat !




















un petit sorbet d'ananas et menthe fraîche...pour la route !



















merci Thomas, de ton abnégation ...

... tu es grand, physiquement (et moralement)

et comme tu conduis bien !


Bertrand Piccard


Mieux vaut rater 
que ne pas essayer


Je n’ose pas dire que c’est mon idole, mais assurément, c’est un modèle. Donc, j’avoue... c’est mon idole. Sur le plan génétique, ses origines sont illustres : Auguste Piccard, le premier à s’envoler dans la stratosphère et voir (de visu) la courbure de la terre. Ce serait le professeur Tournesol, cet être illuminé, qui transcende la vie ordinaire, pour vivre dans la créativité et les inventions qui n’ont pas encore … été inventées. Puis Jacques Piccard, le premier à être allé sous les mers, dans les abysses. Il pourrait lui aussi être le même Tournesol, dans son sous-marin en forme de requin.

Quant au phénotype, Bertrand n’est pas mal du tout, et fascine (cela se voit) la belle épouse de Sérillon (qu’on n’entend plus depuis qu’il conseille le Président-qui-a-du-le-jeter). Ce matin dans « Thé ou café » elle s’essaie à le « faire chanter » (Léonard Cohen qui fête ses 80 ans et sort un  nouvel album Popular problems).

Il y a donc des gênes du génie, et Bertrand, à 56 ans, est en pleine épanouissement de lui-même : après son tour du monde en ballon, il prépare son tour du monde  dans Solar Impulse, le premier avion solaire à voler à  deux, avec son inventeur André Borschberg. Départ le 1er avril 2015.


Lui a creusé les tréfonds de la conscience humaine : il exerce depuis trente ans la profession de psychiatre, et soigne ses patients grâce à l’hypnose, leur permettant (adultes) de retrouver (en  eux) les blessures de l’ enfance.

L’adulte rentre en soi et fait un câlin à l’enfant blessé, guérissant ainsi les chagrins passés. Pardon si je m’exprime de manière non-académique, mais c’est très fort, on aimerait naturellement se rendre en Suisse (qui ne sera jamais ni en Europe, ni dans Europa de Giscard). Y vivre (sans chômage) de chocolat et de produits laitiers. Faire des ballades en bateau-vapeur. Et consulter Bertrand, pour un vrai voyage en soi, aboutissant à l’apaisement définitif des regrets passés. J’ai peur que ce ne soit pas remboursé par la Sécu française, mais même dans ce cas, ça doit valoir le coup ?

On n’est plus dans la stratosphère, ni les profondeurs

on voyage dans la conscience humaine,

le vrai  voyage !

Si j’ai bien suivi le propos de son livre, mais j’ai le souvenir de publications précédentes développant les mêmes thèmes : comme lors d’un voyage en ballon, qui sans énergie propre est le jouet des vents, les hommes sont emportés eux aussi dans les mêmes vents de la vie. De ce point de vue, nous sommes tous égaux car les prisonniers du destin. Ce que l’on peut faire en ballon, ce que l’on peut faire dans la vie, c’est changer d’altitude. Vous voyez le jeu de mots ! altitude-attitude ! En clair, changer de point de vue, d’angle de vue. La liberté, face au futur de chacun, c’est choisir son futur.

Je trouve ces propos très profonds, car tout le monde par exemple, arrive un jour au moment de la retraite, ce moment extraordinaire justement où l’on a acquis une grande expérience de soi et de la vie. Il vous reste un futur, si vous avez la chance de vivre vieux. Et c’est un moment déterminant du choix de sa vie, où le plus difficile justement, est de valoriser la liberté qui, d’un coup, vous tombe dessus.
séance d'auto-hypnose
Comme le dit Bertrand (avec une sérénité tranquille) : -« la peur ? comme tout un chacun j’ai peur, car vous sortez alors de votre zone de confort ». 

J'aime bien cette expression : "zone de confort", car nous y sommes cramponnés, bien naturellement ! Telle ou telle circonstance vous en fait sortir ? Alors la peur vous réveille. Appelle des forces insoupçonnées en vous. Et vous devenez plus efficace. Il ne faut donc pas hésiter (à se faire peur), et développer l’esprit d’aventure, dans toutes les étapes de la vie ordinaire. Pour changer :  Inventons quelque chose, soyons créatifs.

Vous voyez que j’ai bien écouté Bertrand (c’est mon idole, je le dis cette fois-ci avec conviction). Quand il parle de sa complémentarité avec André Borschberg, il a ces propos magnifiques : être à deux sur un projet, alors qu’on est si différents, André et moi, c’est être trois : lui ; moi ; et les deux ensemble. Ces mots appliqués au couple (de gens mariés) sont superbes : on n’est pas deux, mais trois ! (fiscalement c'est faux, on pèse 2 parts, on s'en fiche !)

Je ne me lasse pas d’écouter. De méditer. Le silence, de la réflexion. Qui permet de retrouver la confiance intérieure. On se retrouve à l’Hôpital Saint-Joseph, où le médecin anesthésiste parle au patient sur le billard, et lui fait se remémorer ses dernières vacances. Forcément, le mec était heureux ! La parole anesthésie, les médicaments deviennent superflus. On n’a pas fini de développer l’hypnose !


La conclusion est plus belle encore que les propos précédents : une leçon d’écologie.

Nous gaspillons aujourd’hui 50% de l’énergie de la planète. Solar Impulse a développé des technologies propres qui lui donnent une efficience (le mot est lâché) remarquable. Notre avenir consiste à nous approprier cette efficience dans la vie de tous les jours. Cassons nos certitudes et habitudes. Inventons le monde de l’efficience énergétique.

Il y a là un gisement d’emplois formidable.

Je vote Bertrand Piccard

malheureusement, il se refuse à faire de la politique

tout le problème est  là !


sa devise : « le pire, est de ne pas essayer »


samedi 25 octobre 2014

Europa



Je vous le disais plus haut : 88 ans, (toutes ses dents), l’esprit clair, il sort un livre : Europa. Comme vous le voyez je tente de repérer les esprits brillants qui nous entourent, je dois bien avouer que je peine à suivre, et à lire leurs ouvrages, tant ils sont nombreux ! tant mieux, cela réfute la critique constante, selon laquelle nos élites ne seraient plus au niveau.


S’il est un esprit clair, cartésien, et pédagogue en sus, c’est bien Giscard ! Il reconnait volontiers la "pétaudière" (il n’emploie pas des mots pareils) dans laquelle se trouve l’Europe aujourd’hui, il dit pire : la menace de dislocation ! L’imminence d’une désintégration. Son vieil ami Helmut Schmidt (ils gouvernèrent ensemble de 1974 à 1981) écrit aussi dans sa préface (lui, il a 96 ans !) qu’à part l’Euro et la Banque centrale européenne, « on assiste à l’échec dramatique de presque toutes les autres institutions européennes ».  

Matisse

VGE relève quatre signaux rouges : l’abstention élevée et le vote sanction aux élections européennes ; la poursuite en cachette d’une négociation d’adhésion de la Turquie qui rendrait le système ingouvernable et pousse aux préférences nationales. Le fait que la génération montante n’y croit plus ; enfin que l’écart se creuse entre une Allemagne réformée et une France qui ne se réforme pas. Résultat : le soutien populaire au rêve européen s’est dissipé.

Europa désigne le chantier de la reconstruction. L’Europe actuelle à 28 est trop grande, trop disparate. VGE propose que les 4 Etats fondateurs de 1957 créent une fédération, Europa, harmonisant leurs systèmes fiscaux et sociaux, pour créer les conditions d’une véritable Union. La liste est aisée à identifier : Allemagne, France, Benelux, Italie ; puis Espagne, Portugal, Autriche, l'Irlande s’élargissent le moment venu à la Pologne. L’Angleterre est dans un autre cercle, celui de la liberté commerciale certes, mais pas de l’union budgétaire et fiscale de Europa, dotée à terme d’un Trésor public commun et d’un mécanisme de solidarité financière. Vous remarquerez que la Grèce...n'est plus toute bleue, même si elle reste dans la zone euro ...!

Selon Giscard, la majorité des Etats-membres représentant 60% de la population éliraient un directoire composé d’un Président et de Vice-présidents, qui serait assisté d’un Congrès composé pour un tiers de députés d’Europa, le reste de parlementaires nationaux.

Je me vois bien citoyen d’Europa !


ce Giscard, la grande forme non ?


vendredi 24 octobre 2014

Frank Guehry


à 85 ans il crée toujours !


Un démenti formel pour ceux qui disent qu’à 85 ans on a perdu ses neurones : de son propre aveu, Frank Gehry prétend que la Fondation Louis Vuitton est l'un de ses bâtiments «les plus révolutionnaires» !

Je poursuis en reprenant les propos du Figaro : « à 85 ans, Gehry est un architecte loin d'être à court d'imagination. Pour le nouveau centre dédié à l'art moderne et contemporain situé au 8 avenue du Mahatma-Gandhi, au cœur du bois de Boulogne à Paris, il a édifié sur une friche industrielle un «vaisseau de verre». Avec douze voiles composées de 3600 panneaux de verre Saint-Gobain pour un total de 13.500 m2 de verrière, des poutres fabriquées selon la technique du lamellé-collé feuilleté, une structure métallique et des jeux de transparence, la Fondation Louis Vuitton est un symbole de modernité architecturale.

les grands architectes ont le droit de créer des maquettes sans que l'on se moque d'eux

SNF fondation, 8, av Mahatma Gandhi, 75116 Paris, 01 58 44 25 70,
forcément les photos satellites de Google Maps ont un peu de retard, ici on voit le chantier
L'architecte américano-canadien n'en est bien sûr pas à son coup d'essai. Récompensé par le prix Pritzker en 1989, il a ainsi longuement fait ses preuves avant de se lancer dans le projet porté par le groupe LVMH de Bernard Arnault. Plusieurs fois, il s'est d'ailleurs associé à des chantiers à vocation artistique. Il est ainsi à l'origine du Weisman Art Museum de Minneapolis, ouvert en 1993. En 1997, il signait aussi le musée Guggenheim de Bilbao, un bâtiment auquel la Fondation Louis Vuitton fait d'ailleurs penser avec ses voiles.


Mais Frank Gehry est intervenu dans tous les domaines. Le plus haut gratte-ciel résidentiel des États-Unis, le 8 Spruce Steet à New York, d'ailleurs souvent désigné sous le nom de tour Gehry, est issu de son imagination. De même que le siège de la DZ Bank à Berlin, en Allemagne. Il a également conçu l'hôtel Marqués de Riscal, à Elciego en Espagne. Jamais au repos, l'architecte inaugurait aussi un autre de ses bâtiments début 2014, le musée de la biodiversité de Panama.


Fort de cette carrière riche, Frank Gehry rentre lui-même au musée de son vivant. Depuis le 8 octobre et jusqu'au 5 janvier 2015, le Centre Pompidou, à Paris, lui rend hommage à travers une rétrospective de ses travaux.

Il faut garder l’espoir :

à 70 ans on fait comme Hessel : on s’indigne !

à 80 on devient (enfin) sage : on va à l’essentiel

à 90 ans on atteint l’éveil (du Bouddha) et on comprend le sens du monde

après, on peut même donner l’exemple aux plus jeunes

de la dignité


PS : la fondation Louis Vuitton ne sera ouverte au public que dans trois jours, le 27 octobre

Marianne restaurée !



Marianne oubliée. Marianne ignorée. .. Marianne déposée... sur une palette, affalée. Lavée. Récurée. Oubliée ? Non, réflexion intense pour la remettre en un lieu symbolique : Place de la Laïcité !

Devant le cloître de l’abbaye de Bonnefont. Devant le buste d’Azemar. Devant Didier Daurat.

Cadeau ce matin
(pour mon anniversaire)...
...il faut le faire !

Voici le Procès verbal du Commissaire du Peuple, ce jour 24 vendémiaire an 225 (après 1789). Jour de la Saint Florentin.

Marianne, terrassée...
Marianne...redressée...

Marianne sanglée...

Marianne...collée...!
Marianne...libérée
après le stress...c'était chaud-grave !

Nous, Babone, élu du Peuple, chargé par le Maire de la Ville de Mont Unité (autrement dit du Sieur Saint-Gaudens, citoyen de cette Ville, décapité par les Wisigoths en l’an 475 de notre ère), des symboles protocolaires et républicains,

                     dressons le Procès-verbal suivant, en application de l’article 15 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, qui dit : « la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ».

à dix heures quinze (du soleil)

avec la participation active des ci-devant citoyens-maçons :

la preuve que le socle est d'équerre

Bordes Jean-Marc, Maître maçon, muni des instruments de sa fonction :  truelle et niveau
Latour Jean-Michel, compagnon maçon, équipé de même
Ferrand Jean-Marc, compagnon, équipé de même
Drissi Nils, stagiaire, apprenti maçon
Diaz Christian, chauffeur d’engin dit « Manitou »


avons restauré la République



pour l’édification de nos contemporains

et pour brandir devant leurs yeux

qu’ils soient à pied, à cheval, en vélo, ou en voiture

Marianne libérée ; combattante pour la Liberté de par le monde

garante de la devise révolutionnaire :

Liberté, égalité, fraternité


sois Toi, Marianne, ouvre nous la voie !


Merci à toute l'équipe des maçons !


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