Le conte de fées du Comminges
On prête au Baron de Lassus, l’actuel
propriétaire, les propos suivants : « je
vois sur internet une photo de la chapelle (de l’intérieur) je stoppe net les
visites » ! Nous avons beau être le dimanche des journées du
patrimoine, le château reste impérativement fermé, on ne visite que l’extérieur,
le parc ; les écuries, et l’intérieur de la chapelle, mais pas de photos. On
comprend, vu la richesse du décor, que tout soit fait pour dissuader les
voleurs.
Nous sommes il y a longtemps :
Bertrand de Lassus est un personnage éminemment romantique : il adore être
photographié, dans des mises en scène élaborées, costumé de toutes les façons
possibles, en montagnard, en explorateur, en Espagnol, en contrebandier, dans
des poses martiales.
Il se fait construire à Montréjeau, à partir de 1892, le
château de Valmirande, une extravagante et somptueuse construction
néo-renaissance, avec sa chapelle, de grands parterres, un parc d'une
quarantaine d'hectares, aménagé par les frères Bülher (auteurs du Parc de la
Tête d'Or à Lyon et du parc Borély à Marseille), avec un ruisseau enjambé par
des ponts, un lac que domine une grotte belvédère… Palais quasi-royal, dit le
Comte Russell son ami. Le château a été dessiné par l'architecte bordelais
Louis Garros. Connu pour ses châteaux dans le bordelais et le bitterois, les châteaux
d’un vignoble qui exporte dans le monde entier.
l'Hôtel de Lassus, en ville, appartient aujourd'hui à la Communauté de communes |
Bertrand est réputé pour préférer
les messieurs aux dames : à l’époque, cela intrigue ! Il explore les
Pyrénées, entouré d’une cohorte de montagnards, campe dans la neige, et
convoque des pique- niques géants. Pour son château, tout est grandiose, les
plans, les matériaux, les statues. Invité à bénir le château le 3 novembre 1899,
l’archevêque de Toulouse Monseigneur Mathieu observera : « il manque deux choses, Monsieur le Baron,
à votre château : une Dame pour nous accueillir, et une chapelle, pour
prier Dieu ». Le Baron s’empressera de construire la chapelle qui sera
bénite par Monseigneur Germain, archevêque de Toulouse (le successeur),
toujours prompt à se déplacer, le 25 mars 1905. De première dame, il n’en est
pas mention, sujet à n’aborder sous aucun prétexte. On dit que la chapelle a
coûté autant d’argent que le château, c’est dire si les matériaux sont
extraordinaires : vitraux ; émaux de Limoges, sculpture de Barias,
vous savez, l’auteur de « la Nature » ? Désolé, je ne puis rien
vous montrer !
On visite les écuries comme s’il
s’agissait des plus belles pièces, en effet : marbre rouge réservé à
Versailles. Sellerie superbe. Calèches. Les chevaux ont les noms des pics les
plus célèbres. J’ai bien cherché une
Bugatti Royale, las, l’argent avait été dépensé, il n’existe pas de voiture
automobile extraordinaire !
Pas difficile de revenir, le château est ouvert toute l’année.
Pour entrer, par contre, je vous conseille d’écrire à Monsieur le Baron…
…qui sait… ?
l'intérieur est aussi extraordinaire que l'extérieur...pris à travers une fenêtre ! |
des marbres... |
des mosaïques...! |