Villa de la Hillière,
gorges de la Save
Vous me connaissez : je suis
dans une villa romaine, on nous exhibe des thermes énormes, la frustration est terrible :
d’où provenait l’eau courante ? Où sont les vestiges ? Certes de
temps à autre on tombe sur le pont du Gard, ou sur un bout de tuyau de plomb,
mais il est rare que l’on ait conservé la source, a fortiori qu’elle existe encore après les destructions des années
450 et les prélèvements au cours des 1500 années postérieures. La plupart du temps, les
constructeurs disposaient du manuel du bon promoteur romain distribué par
Vitruve, et ils construisaient près d’une rivière, encore mieux si elle était
navigable. Mais l’inconvénient : si elle débordait, le résultat était
contraire à celui recherché : trop d’eau inonde la maison !
C’est le cas des gorges de la Save : qui dit gorges dit rétrécissement, et le résultat est qu’en période très pluvieuse, l’eau monte à une vitesse extraordinaire, et inonde tout. Incluant la villa romaine si cette dernière est trop basse, dans une zone inondable. Les crues dangereuses ici sont les centennales, comme celle du 3 juillet 1897. Comme celle qui a submergé Auch en 1977. Je retrouve autour de la chapelle de la Hillière le grillage ployé par les flots d’hiver, et encore rempli d’embâcles.
Je retourne donc dans le fameux
ilot, pour rechercher la résurgence de la Hillière : il y a sur place le
cimetière autour de la chapelle, manifestement construite pile sur une autre
villa antique, jouxtant à la fois la Save, et une magnifique résurgence :
un grand trou d’eau calme et de couleur bleu opale profond. Je réussis à entrer dans
l’enclos grillagé, pour repérer le site : l’eau sourd du karst, et file au
bout de dix mètres dans la Save avec un joli courant, qui provoque un doux
murmure. Juste à côté, des fondations antiques, avec les restes
d’un chauffage par le sol. Il ne faut pas s’étonner que le fossoyeur creusant
une tombe il y a plusieurs années, soit tombé sur le bronze qui me plait tant.
L’ait vendu à un antiquaire qui aimait les œuvres d’art, ce dernier le
revendant à la famille qui en a fait don ultérieurement à l’Etat, à charge pour
lui de tout laisser sur place, ce qui explique que le Musée de Montmaurin soit
aussi riche et qu’on n’ait pas besoin de se rendre à Toulouse qui récupère d’habitude
ce genre d’objets.
La jolie résurgence, flanquée de
deux bornes massives, ne m’explique pas comment l’eau montait toute seule à l’altitude
utile pour alimenter des thermes, mais elle est là. Elle sourd été comme hiver à la température constante de 10°, et les lavandières s'y rendaient de fort loin il n'y a pas si longtemps en période de gel, appréciant de se mettre les mains dans l'eau à température positive, alors que la glace couvrait le sol.
Nous décidons de parcourir entièrement
les gorges de la Save pour repérer des abris susceptibles d’héberger des
ancêtres, il n’en manque pas dans des falaises parfois impressionnantes. A l’aval,
un moulin reconstitue par son barrage une remontée d’eau, et une dérivation,
ressemblant trait pour trait au barrage qui devait desservir la Villa romaine de Montmaurin.
En matière d’eau gravitaire, on n’a rien inventé de particulier depuis 2000
ans, à part les vannes sophistiquées sur les cours d’eau de Basse Durance bien
entendu.
Vous vous souvenez que l’ilôt karstique a deux pôles si l’on peut dire : Montmaurin avec les deux villas romaines que vous connaissez désormais. Lespugue avec ses vestiges préhistoriques et la Vénus. Au retour, je passe en Mairie qui m’offre l’histoire du Bois de St Martin. Le Musée est fermé, mais une Vénus grandeur nature a été construite en ciment, pas mal du tout, surtout vue côté fesses !
La brochure expose les trouvailles du petit musée : une demi-mandibule droite d’ours (forcément des cavernes), des vertèbres lombaires, des bois de cervidés. Les lames de silex sont nombreuses, grattoirs, burins, tout un outillage. Des lampes à huile pour éclairer les abris. La problématique du chasseur, est d’utiliser l’os de manière optimale, pour créer des "feuilles de laurier" avec un grand éclat laminaire de silex, et un bois de cervidé comme percuteur. Les sagaies sont nombreuses. L’arc existait-il ?
that’s the question
Pour consulter les histoires d’eau antérieures :
http://babone5go.blogspot.fr/2011/01/omnes-sitientes.htmlil y a encore des fleurs d'été... |
...et des tabacs d'Espagne un peu passés...! |