Evidemment, l’histoire des Maharadja nous fascine, un peu comme nous fascine le niveau de vie de nos élites, dans le cadre doré des palais nationaux, et des repas de gala à l’Elysée : voilà des monarques locaux qui reçoivent (qui recevaient, cette époque est révolue) périodiquement leur poids d’or. Ils sont couverts des pierres précieuses les plus rares. Vivent dans des palais, entourés d’une cour ; de domestiques ; avec un faste inouï dont font partie leurs animaux familiers : les éléphants. Ils cultivent naturellement deux marques particulières des prérogatives du Prince : disposer de femmes exceptionnelles parées elles aussi de bijoux. Cloitrées dans un harem….
…et posséder les voitures les plus fantastiques.
Forcément des voitures anglaises, les meilleures, des Rolls Royce. Faites spécialement pour eux, énormes, rutilantes, bardées de chromes, d’accessoires destinées à la chasse au tigre. Plus ça brille, mieux c’est naturellement.
Nous sommes dans les années 20 à 30 : éclosent (la métaphore de l’œuf du cygne s’impose comme vous allez voir !) d’extravagances automobiles : formes, couleurs accessoires. Pour se démarquer, les princes indiens ont toutes les audaces et tentent tout pour être les plus originaux.
J’ignore s’il connaissait la légende de Léda, voilà que le Maharadja de Nabha rachète un Swan Car, un grand, puis en même temps (est-ce pour la Maharani ?) un petit swan électrique, un bébé cygne, le Cygnet, pour circuler en silence dans les allées du domaine.
Voici le commentaire de Rétromobile : «Les femmes hurlent. Les carrioles quittent la chaussée. À sa vue, les buffles, les boeufs, les chèvres, les ânes, les éléphants, les chameaux et les autochtones déguerpissent à toutes jambes». Telle est la description, en avril 1910, d’un journal de Calcutta à propos de la Brooke Swan. Fruit de l’imagination débordante d’un riche et excentrique résident de Calcutta, Robert Nicholl "Scotty" Matthewson, la « voiture-cygne » est une véritable folie. Elle est finalement interdite de circulation dans la ville ! Matthewson, qui a dépensé la coquette somme de 10 à 15 000 livres sterling (l’équivalent à l’époque de six Rolls-Royce Silver Ghost), prend la décision de revendre son bijou au Maharadja de Nabha. Elles font désormais partie de la prestigieuse Collection Louwman à La Haye.
D’autres Rolls sont en aluminium poli. D’autres (mais elles ne sont pas à Paris), ont en remorque un canon pour massacrer les tigres, et un pistolet accroché au pare-brise en cas d’attaque …de banlieusards, sait-on jamais ?
Je reprends le commentaire du catalogue officiel : « La Rolls-Royce Phantom I-17EX, une magnifique voiture vert-clair, n’est pas le fruit d’une lubie flamboyante née dans l’esprit d’un client excentrique, mais bien le résultat d’un projet commandé par le plus conservateur des conservateurs, Sir Henry Royce, qui souhaite développer une version sport de la Rolls-Royce pour concurrencer les Bentley. Trois modèles expérimentaux seront commandés, la 17EX est la dernière version, définitive, des « Phantom sport ». La voiture est vendue au Maharadja du Cachemire, Hari Singh. Elle est acquise par P.K Mitter à Calcutta. Dans les années 60, elle est redécouverte chez un expert Rolls-Royce, Protab Roy avant de quitter l’Inde. Elle est ensuite acquise par un collectionneur italien qui la restaure. Achetée par Victor Muller, propriétaire de Spyker cars et Président de Saab, la voiture est vendue aux enchères pour tenter de sauver la marque suédoise. Depuis 2009, elle appartient à Alexander Schaufler. La voiture a participé à de nombreux rallyes et a parcouru quelque 24 000 kms ; c’est la vedette de l’édition 2012 de Pebble Beach.
Je m’interroge : comment les organisateurs ont-ils fait, pour transporter ces voitures ? Les débarquer Porte de Versailles ? Les exposer ? Cinq jours plus tard, il faut tout remballer, réexpédier à la Haye. Sans doute indemniser le Musée privé de ses merveilles pendant ce temps. Quelle organisation « maharadjesque » !
Je n’ai payé que 14 Euros à la FNAC , économisant 2 Euros par rapport au prix officiel.
J’espère qu’il y aura suffisamment de visiteurs,
pour que les organisateurs rentrent dans leurs frais
Ils prennent des risques
j’ai une pensée amicale pour eux !