Candaule (en grec ancien Κανδαύλης / Kandaúlês) est un roi légendaire de Lydie, ayant régné vers le VIIIe siècle av. J.-C. Il est le dernier souverain de la dynastie des Héraclides (qui prétendaient descendre d'Héraclès).
Hérodote raconte son aventure d'après une poésie perdue d'Archiloque de Paros :
Le roi Candaule trouvait sa femme la plus belle. Sans cesse, il vantait à Gygès, officier de sa garde, ses charmes et un jour, il l'invita à se convaincre, de visu, de sa beauté. Gygès, embarrassé, refuse l'offre sacrilège mais le roi insiste. Embarrassant non ? Dissimulé derrière la porte de la chambre nuptiale, Gygès assiste au déshabillé puis au coucher de la reine. Mais, au moment où il s'esquive, la souveraine l'aperçoit. Feignant de n'avoir rien remarqué et persuadée que son mari a voulu l'humilier, elle jure de se venger. Le lendemain matin, elle convoque Gygès et lui offre l'alternative suivante : ou bien il est exécuté. Ou il tue Candaule, s'empare du trône et l'épouse ! Gygès tout d’abord refuse, (au péril de sa vie), puis devant l’insistance de Tudo (c’est ainsi qu’elle se nomme), se résout à tuer Candaule, en le poignardant durant son sommeil (il n’a pas souffert).
Gygès s’installe sur le trône, où il est contesté par ses rivaux, car il y a toujours et partout des jaloux ! Le cas est soumis à l'oracle de Delphes. Ouf ! l'oracle confirme Gygès dans sa légitime royauté. Il est absous, marié, et heureux, (on ne dit pas s’il fait à Tudo plein d’enfants).
Platon donne une version encore plus merveilleuse : Gygès était un berger, profession majoritaire en ces temps passés. Il trouve un jour un bague magique au doigt du cadavre d'un géant. Cette bague (l'anneau de Gygès) donnait le pouvoir d'invisibilité à celui qui la portait. Gygès s'en sert pour rencontrer secrètement la femme du roi, (puisque personne ne pouvait le voir). (Il enlève quand-même l’anneau pour se montrer à elle). Ils commettent l’adultère. Puis décident de tuer l’époux (enfin c’est lui qui s’y colle). Et Gygès s’empare ainsi du pouvoir. Comme quoi on peut être berger et aspirer aux plus hautes destinées. Je m’aperçois que personne ne parle du sort de l’anneau-qui-rend-invisible, pourtant il serait bien utile parfois.
Gerome, le plus grand ! |
Quand on est un artiste, on cherche désespérément les thèmes susceptibles de doper votre créatrivité. Vous pensez bien si cette histoire a flatté l’imagination (érotique qui plus est) de nombre d’écrivains, ainsi que de peintres, puisque la scène où Caudaule exhibe sa femme (nue) devant un inférieur médusé, offre des tas de possibilités scénographiques : il y a forcément un centre : la dame, (qu’elle se présente recto ou verso). Il faut que le lit soit pas loin, derrière. A gauche le roi. A droite en retrait Gygès, habillé, en uniforme de garde, avec une tenture, derrière laquelle il pourra se cacher. On peut inverser les positions. Si on ne voit pas Gygès, on peut toujours se dire qu’il porte l’anneau ! Pradier s’y met lui aussi avec Nyssia à Montpellier. Gerome naturellement, mais on doit se rendre à Ponce (Porto Rico) pour l’admirer ! C’est un voyage rentable, car dans ce musée, on trouve aussi Flaming June de Fredrick Lord Leighton (1830-1896). Dans le tableau de Eglon van der Neer : « la femme de Kaudaule découvre Gyges caché » (à gauche) peint en Allemagne en 1675–80, on retrouve une variante de la scène. Degas s’y met aussi. Et Théodore Chassériau. Et Lafontaine avec : « Le Roi Candaule et le maître en droit », qui commence par ces vers :
Force gens ont été l'instrument de leur mal;
Candaule en est un témoignage.
Ce roi fut en sottise un très grand personnage.
Il fit pour Gygès son vassal
Une galanterie imprudente et peu sage.
Vous voyez, lui dit-il, le visage charmant,
Et les traits délicats dont la reine est pourvue
Je vous jure ma foi que l'accompagnement
Est d'un tout autre prix et passe infiniment;
Ce n'est rien qui ne l'a vue
Toute nue.
Je vous la veux montrer sans qu'elle en sache rien;
Car j'en sais un très bon moyen:
Mais à condition, vous m'entendez fort bien,
Sans que j'en dise davantage
Gygès, il vous faut être sage:
Point de ridicule désir:
Je ne prendrais pas de plaisir
Aux voeux impertinents qu'une amour sotte et vaine
Vous ferait faire pour la reine.
Proposez-vous de voir tout ce corps si charmant,
Comme un beau marbre seulement.
Je veux que vous disiez que l'art, que la pensée,
Que même le souhait ne peut aller plus loin.
Dedans le bain je l'ai laissée:
Vous êtes connaisseur, venez être témoin
De ma félicite suprême.
Ils vont. Gygès admire. Admirer; c'est trop peu.
Son étonnement est extrême.
Ce doux objet joua son jeu.
Gygès en fut ému, quelque effort qu'il pût faire.
Il aurait voulu se taire,
Et ne point témoigner ce qu’il avait senti:
Mais son silence eût fait soupçonner du mystère.
L’exagération fut le meilleur parti.
Il s'en tint donc pour averti;
Et sans faire le fin, le froid, ni le modeste,
Chaque point, chaque article eut son fait, fut loué.
Dieux, disait-il au roi, quelle félicité!
Le beau corps! le beau cuir! …./…
Je vous laisse le soin de découvrir la suite…. !
Comme quoi quand on est fier de son épouse…
…et de ses charmes
…on ne les montre pas !
voici June de Puerto Rico : de qui rêve-t-elle ? |