Nous sommes le 24 décembre de l’an passé, et je me prépare à réserver mon hôtel avec plus d’un mois d’avance, en réalité je m’y prends bien tard. J’ai mes habitudes à Montparnasse, mais il est plus innovant de rechercher l’offre actualisée, grâce à voyages.sncf, qui classe les hôtels par prix croissants. De suite, je tombe sur le moins cher, à 45€. Je vérifie, pas de problème, les photos sont sympathiques. Mieux que bien, l’hôtel est à deux pas d’une bouche de métro. La dite bouche se trouvant sur la 12, je ne suis qu’à dix minutes à pied de la Porte de Versailles. D’un naturel méfiant, je téléphone, au cas où le prix sur place serait différent. Pas de loup : c’est le même prix, mais j’interroge quand-même mon interlocuteur, pour comprendre pourquoi, il ne facture que 45 Euros ? La voix a un léger accent, Centre-Afrique voyez-vous, et le portier que je verrai en face sur place, se trouve être un compatriote-issu-de-la-diversité. J’espère m’être exprimé en termes politiquement corrects ? Charmant, il me précise : « il y a un seul WC à l’étage ». Je n’avais pas vu cela depuis des lustres, ai plusieurs fois installé dans des coins impossibles des broyeurs reliés avec un tout petit tuyau, et du coup décide : « je veux voir ça ! ».
Je donne mes numéros de carte bleue, et réserve.
Nous sommes mercredi 6 février. Harassé par trois heures de visite, je remonte la rue Vaugirard, que j’ai bien connue dans une vie antérieure. Je me sens chez moi, passe devant Compain Philippe. Vous ne le connaissez pas ? c’est ce genre de Traiteur qu’on ne trouve qu’à Paris, il y a chez lui des œufs en gelée au saumon. Des barquettes de saumon avec de la gelée aussi, et de la mayonnaise (une fois de temps à autre on peut faire un accroc ?). Du gâteau de riz. Un repas équilibré et merveilleux ! Je regarde le jambon : miracle, il en a : du Rostello, un jambon aux herbes italien, fabriqué à Bologne ! J’adore ce jambon, et j’en achetais toujours en allant chez le traiteur de la rue de la Croix Nivert autrefois ! Je m’en prends une tranche, il ne me manque plus qu’une baguette, justement il y en a une chaude sortie du four chez le boulanger d’à côté ! Les traiteurs de Paris, j’adore !
Je découvre mon hôtel derrière sa bouche de Métro, à côté du Gaumont, pratique pour aller au cinéma ! Je salue mon téléphoniste, c’est comme si on s’était vus le week-end dernier ! Il faut monter par l’ascenseur, de la taille d’un client et sa valise. Mais arrivé au 5°, il faut prendre l’escalier pour se rendre au 6°. Tapis de velours rouge. Des portes laquées bordeaux, je passe devant celle accédant aux poulies de l’ascenseur (il ne faut pas entrer). Puis le fameux WC (entrer au cas où il serait occupé plus tard !). Chambre 624, adorable, velours rouge, petit lavabo encastré dans des faïences noires, très Déco. Une chambre de célibataire, le lit n’est qu’à une place ! Foutu pour Ribéri ! C’était donc ça l’astuce finale : un hôtel pour célibataires ver-tu-eux !
Surprise de taille, la fenêtre donne pile au Nord, sur un panorama superbe, avec au centre la Tour Eiffel illuminée ! Je reçois en plein visage un faisceau du laser bleu !
Le matin, je prends mon petit-déjeuner (en supplément) (en méditant) quand déboule dans la petite salle du bas un client familier : Hervé G. que je n’ai pas vu depuis quinze ans ! Depuis Rennes ! Il est "au tableau de Général" (c’est une expression technique entre initiés qui signifie qu’il va être nommé dans quelques mois, et prendre sa retraite d’Ingénieur-Général six mois après, pour aller vivre chez lui et écrire ses mémoires). En attendant, il vit dans cet hôtel quelques jours par semaine, tout près du 251 rue de Vaugirard, avant de retourner en Province les week-end.
L’aventure c’est l’aventure,
c’est extraordinaire de l’avoir retrouvé…
...grâce à Rétromobile !
attendez ! la cage d'escalier est éclairée par des verrières Art-Déco, en verre industriel 1930 ! |